1 – Le Rassemblement. Il pourrait prendre n’importe quelle forme de la soirée entre amis à l’émeute. Il peut être planifié ou non selon la spontanéité du « really happen » (1). Par exemple : un regroupement anarchiste, une célébration néo-paganiste, une « rave », une brève émeute urbaine ou une démonstration spontanée. Bien sûr, les meilleurs rassemblements deviennent des TAZ (2) comme les « Be-In » des années 60, les rassemblements tribaux des premiers « Rainbow », ou l’Émeute de Stonewall.
2 – Le Potlach horizontal. La réunion d’un groupe d’amis en vue d’échanger des présents. Une orgie organisée pourrait tomber dans cette catégorie, le cadeau étant le plaisir sexuel – ou un banquet, le présent étant alors la nourriture.
3 – La Réunion. La Réunion. Tout comme la réunion d’étude, la Réunion Immédiatiste consiste en la rencontre régulière d’un groupe d’ami afin de collaborer à un projet spécifique. La Réunion pourrait servir en tant que comité organisateur pour un rassemblement ou un potlach, ou en tant que création collaboratrice, un groupe « d’affinité » pour une action directe, etc. La Réunion est comme une Échelle de Passion dans le système de Fourrier, un groupe uni par une passion commune qui peut être uniquement réalisée par le groupe.
4 – Quand la Réunion acquiert une adhésion de ses membres plus ou moins permanente et un but plus large qu’un simple projet – un projet courant, disons – elle peut soit devenir un « club » ou une « Gessellschaft » (3) organisée non-hiérarchiquement pour une activité ouverte, ou bien un « Tong » organisé non-hiérarchiquement mais clandestinement pour une activité secrète. Le Tong est d’un intérêt plus immédiat pour nous pour des raisons tactiques et aussi parce que le club opère dans le danger d’être « institutionnalisé » et donc (selon la phrase d’Ivan Illich) d’être « d’une contre-productivité paradoxale » (c’est-à-dire, que l’institution tendant à la rigidité et au monopole, commence à produire les effets opposés à ceux de son but originel. Les sociétés fondées pour la « liberté » deviennent autoritaires, etc.). Le Tong Traditionnel est aussi sujet à cette trajectoire, mais un Tong Immédiatiste est conçu, pour ainsi, dire, dans le but de s’auto-détruire quand il n’est plus capable de servir son objectif.
5 – La TAZ peut émerger de n’importe laquelle des catégories ci-dessus, prises individuellement, en séquence ou ensemble. Ainsi, j’ai dit que la TAZ pouvait durer aussi brièvement qu’une nuit ou aussi longtemps que quelques années, ceci n’étant qu’une indication, et il est probable que beaucoup d’exemples tombent entre ces deux extrêmes. Une TAZ, cependant, est plus qu’aucune autre des 4 autres formes en ceci que sur sa durée elle capte l’attention de tous ses participants ; elle devient (brièvement) une société à part entière.
6 – Finalement, dans l’insurrection, la TAZ brise ses propres frontières et se répand (ou désire se répandre) au dehors dans le « monde entier », l’ensemble du temps/espace immédiatement disponible. Tant que l’insurrection dure, et ne s’est pas soldée par la défaite ou par une transformation en « Révolution » (qui aspire à devenir permanente), l’Insurrection garde la conscience de la plupart de ses adhérents dirigée vers cet insaisissable autre mode d’intensité, de clarté, d’attention, de réalisation individuelle ou collective, et (pour être abrupt) vers cette joie si caractéristique de ces grands soulèvements sociaux comme la Commune, ou 1968. D’un point de vue existentiel (et nous invoquons ici Stirner, Nietzsche et Camus), cette joie est le véritable but de l’insurrection.
Les buts d’une organisation Immédiatiste
1 – La Convivialité : rassemblement dans la promiscuité physique du groupe pour une amélioration synergique des plaisirs de ses membres.
2 – La Création : la création collaboratrice, directe et sans intermédiaire, d’une « nécessaire beauté », en dehors de toutes structures « d’hypermédiation », d’aliénation, de mercantilisation [Note : je n’utilise pas ici le terme d’hypermédia dans le sens qui lui est donné par nos camarades de Xexoxial Endarchy (4), qui appellent hypermédia la seule appropriation de tous les médiums créatifs en un simple effet… J’utilise « hypermédiation » pour signifier la représentation exacerbée à un niveau d’aliénation insupportable d’une image de la marchandise.] Depuis longtemps nous sommes las de jouer sur les mots et si vous ne savez pas ce que je veux dire par « nécessaire beauté » vous feriez mieux d’arrêter votre lecture ici. « L’Art » est seulement une sous-catégorie possible de ce mystère et pas nécessairement la plus vitale.
3 – La Destruction : nous allons plus loin que Bakounine et disons qu’il n’y a pas de création sans destruction. L’idée même d’apporter quelque beauté nouvelle implique que l’ancienne laideur doit être rejetée ou détruite. La beauté se définit elle-même en partie (mais de manière précise toutefois) en détruisant la laideur qui n’est pas elle-même. Dans notre version du mythe sorélien de la violence sociale, nous suggérons qu’aucun acte Immédiatiste n’est complètement authentique et efficace sans à la fois la création et la destruction : la totalité de la dialectique Immédiatiste est impliquée dans toute « action directe » Immédiatiste, à la fois la création-dans-la-destruction et la destruction-dans-la-création. De là le « terrorisme poétique », par exemple ; et de là le véritable but ou « télos » de toutes nos formes d’organisation est :
4 – La Construction de valeurs. « L’expérience maximale » de Maslow est formatrice de valeurs à un niveau individuel ; la réalité existentielle de la Réunion, du Tong, de la TAZ ou de l’Insurrection permet à une « réévaluation des valeurs » de s’écouler à partir de son intensité collective. Une autre manière de présenter les choses serait « la transformation de la vie de tous les jours ».
Le lien entre l’organisation et le but est la tactique. En termes simples, que fait une organisation Immédiatiste ? Notre « stratégie » est d’optimiser les conditions pour l’émergence de la TAZ (ou même de l’Insurrection) – mais quelles actions spécifiques peuvent-elles être entreprises afin de mettre sur pieds cette stratégie ? Sans tactique, l’organisation Immédiatiste ferait tout aussi bien de se disperser. « L’action directe » devrait dépasser la « cause » mais devrait également être en mesure à la fois de cibler son but et de s’identifier à son but. Nous ne pouvons pas utiliser des tactiques qui sont limitées à la médiation ; chaque action doit réaliser immédiatement le but, du moins d’une certaine manière, à moins de nous trouver nous-mêmes à travailler pour des abstractions et même des simulations de notre objectif. Et déjà les différentes tactiques et actions devraient aussi être plus que la simple somme de leurs parties et devraient donner naissance à la TAZ ou à l’Insurrection. Tout comme les organisations ordinaires ne peuvent fournir les structures dont nous avons besoin, les tactiques ordinaires ne peuvent satisfaire notre demande pour des « situations » immédiates et insurrectionnelles.
La Convivialité est à la fois une tactique et un objectif. Noble en elle-même, elle peut servir comme forme et contenu pour de tels modes d’organisations que le rassemblement, le potlach, le banquet. Mais la convivialité en elle-même manque de l’énergie transformante qui naît généralement d’un ensemble d’actions qui incluent ce que nous avons nommé la « destruction » et la « création ». L’organisation Immédiatiste idéale tend à un objectif plus global et s’empare de la convivialité comme nécessaire structure. En d’autres mots, se rassembler en groupe afin de planifier une TAZ potentielle pour un groupe plus large est déjà un acte Immédiatiste qui implique la convivialité – comme le royaume des cieux, qui est « ajouté à » toute lutte sincère en vue de percées plus exaltantes. Il semblerait que la tactique ou l’acte Immédiatiste quintescent cependant impliqueront simultanément la création et la destruction plutôt que la simple convivialité – de là les Réunions et les Tongs sont des formes d’organisation « plus élevées » que le rassemblement et le potlach.
La Convivialité est à la fois une tactique et un objectif. Noble en elle-même, elle peut servir comme forme et contenu pour de tels modes d’organisations que le rassemblement, le potlach, le banquet. Mais la convivialité en elle-même manque de l’énergie transformante qui naît généralement d’un ensemble d’actions qui incluent ce que nous avons nommé la « destruction » et la « création ». L’organisation Immédiatiste idéale tend à un objectif plus global et s’empare de la convivialité comme nécessaire structure. En d’autres mots, se rassembler en groupe afin de planifier une TAZ potentielle pour un groupe plus large est déjà un acte Immédiatiste qui implique la convivialité – comme le royaume des cieux, qui est « ajouté à » toute lutte sincère en vue de percées plus exaltantes. Il semblerait que la tactique ou l’acte Immédiatiste pur, cependant, impliqueront simultanément la création et la destruction plutôt que la simple convivialité – de là les Réunions et les Tongs sont des formes d’organisation « plus élevées » que le rassemblement et le potlach.
Dans la Réunion, l’accent est mis sur la création, le projet artistique collaboratif, l’acte de générosité du groupe envers lui-même et envers la réalité plutôt que vers une « audience » de consommateurs. Bien sûr, la Réunion peut aussi envisager et entreprendre des actions destructrices ou « criminelles ». Mais en agissant ainsi, elle a peut-être déjà fait le premier pas vers la constitution d’une société secrète ou d’un Tong Immédiatiste. C’est pourquoi je pense que le Tong est une forme plus complexe (ou « plus haute ») d’organisation Immédiatiste qui peut-être prédéterminée à un degré significatif. La TAZ et l’insurrection dépendent en fin de compte de divers facteurs pour que le processus « d’organisation » réussisse sans l’intervention de la « chance » (du hasard). Comme je l’ai dit, nous pouvons maximiser les possibilités d’une TAZ ou d’une insurrection, mais nous ne pouvons pas vraiment les « organiser » ou faire en sorte qu’elles arrivent. Le Tong, cependant, peut être clairement défini et organisé et peut mener des actions complexes, matérielles et symboliques, créatrices et destructrices. Le Tong ne peut garantir une TAZ, l’Insurrection le peut plus ou moins, mais il peut sûrement satisfaire beaucoup ou la plupart des désirs immédiats de moindre complexité – et après tout, il pourrait réussir à précipiter le grand événement d’une TAZ, de la Commune, de la « restauration des Ming » en tant que Grand Festival de la Conscience, l’objectif corrélatif à tout désir.
En gardant cela à l’esprit, essayons d’imaginer – et alors de critiquer – les tactiques possibles d’un groupe Immédiatiste, et idéalement du Tong semi-permanent et bien organisé ou du groupe d’action virtuel clandestin ou « d’affinité » du web, capable de tenter un ensemble complet d’actions directes au sein d’une stratégie globale. Chacune de ces actions doit simultanément endommager ou détruire quelque espace/temps imaginal ou réel de « l’ennemi », même si cette action crée simultanément pour ses auteurs une forte chance de connaître des expériences extrêmes ou « aventureuses » : chaque tactique doit donc, en un sens, tendre à s’approprier et à « détourner » (5) l’espace de l’ennemi, et éventuellement l’occuper et le transformer. Chaque tactique ou action est déjà potentiellement la « Voie » intégrale de l’autonomie en elle-même, tout comme chaque évocation du Réel contient déjà l’entièreté du chemin spirituel (selon la « gnose » de l’Ismaélisme et du Soufisme hétérodoxe).
Mais attendez ! Tout d’abord : qui est « l’Ennemi » ? C’est très bien de marmonner à propos des conspirations contre « l’Establishment » ou des réseaux de contrôle psychique. Nous parlons d’actions directes en temps réel qui doivent être menées « contre » les nœuds de pouvoir agissant en temps réel qui sont identifiables. La discussion sur des ennemis abstraits comme « l’état » ne nous mènera nulle part. Je ne suis opprimé (ou aliéné) directement par aucune entité concrète appelée état, mais par des groupes spécifiques comme les enseignants, la police, les chefs de bureau, etc. Une « Révolution » peut avoir comme but de détruire un « état ». Mais l’Insurrection et tous ses groupes d’actions Immédiatistes devront découvrir une cible qui ne soit pas une idée, un morceau de papier, un « spectre » qui nous enchaîne avec nos mauvais rêves de pouvoir et d’impuissance. Nous jouerons à la guerre des images, oui. Mais les images naissent ou coulent au travers de connexions spécifiques. Le Spectacle a une structure et la structure à des joints, des croisements, des niveaux, des modèles. Le Spectacle a même une adresse – parfois – peut-être. Il n’est pas réel de la même manière que la TAZ est réelle. Mais il est suffisamment réel pour être pris d’assaut.
Du fait que les textes Immédiatistes ont été largement destinés à des « artistes » aussi bien qu’à des « non autoritaires » et du fait que l’Immédiatisme n’est pas un mouvement politique, mais un jeu, un jeu esthétique, il semble indubitable que nous devions rechercher l’ennemi dans les médias, et plus particulièrement ces médias que nous estimons directement oppresseurs. Par exemple, pour l’étudiant l’oppresseur est le médium aliénant de « l’éducation », et la connexion (le nexus, le point de pression sur lequel agir) doit donc être l’école. Pour un artiste la source directe d’aliénation semblerait être l’ensemble que nous appelons habituellement les Médias, qui ont usurpé le temps et l’espace de l’Art comme nous désirons le pratiquer – qui ont redéfini toute communication créatrice comme échange de marchandises ou d’images aliénantes – qui ont empoisonné le « discours ». Dans le passé le médium aliénant était l’église et l’insurrection s’exprimait dans le langage que tenait la spiritualité hérétique contre la religion organisée. Aujourd’hui, les Médias jouent le rôle de l’Église dans la circulation des images. Tout comme l’Église a, autrefois, fabriqué une fausse pénurie de sainteté ou de salvation, ainsi les Médias construisent une fausse pénurie de valeurs, ou de « sens ». Tout comme l’Église a autrefois essayé d’imposer son monopole sur l’esprit, les Médias veulent refaire du langage lui-même un pur esprit, divorcé d’avec le corps. Les Médias dénient la signification de la corporalité et de la vie de tous les jours, tout comme l’Église définissait autrefois le corps comme démoniaque et la vie de tous les jours comme un péché. Les Médias se définissent eux-mêmes, ou définissent leurs discours, comme un univers réel. Nous, simple consommateurs, vivons dans le monde-crâne de l’illusion, avec la T.V. comme orbites au travers desquelles nous regardons le monde de la vie, le « riche & célèbre », la réalité. Et ainsi la religion avait-elle défini le monde comme illusion et les cieux comme seule réalité – réaliste, mais très éloignée. Si l’insurrection dialoguait un jour avec l’Église en tant qu’hérésie, elle devrait également le faire avec les Médias. Autrefois, les paysans révoltés brûlaient les églises. Mais que sont en fin de compte les églises des Médias ?
Il est facile de ressentir de la nostalgie pour ces ennemis autrefois magnifiques telle l’Église Catholique Romaine. J’ai même essayé de me convaincre qu’à notre époque de charades édulcorées et anti-sexes, il peut toujours valoir la peine de conspirer contre elle. Infiltrez l’Église ; remplissez les étagères avec de magnifiques tracts pornos sur lesquels il est inscrit : « Ceci est la Face de Dieu » ; cachez des objets dadaïstes/vaudous sous les sièges et derrière l’autel ; envoyez des manifestes occultes aux évêques et au clergé ; laissez filtrer des menaces sataniques dans la presse à scandales ; laissez des preuves incriminant les Illuminati. Une cible encore plus satisfaisante pourrait être les Mormons qui sont entièrement bardés de technologies de communication hypermédiatiques et aussi très sensibles à la « magie noire ». [Note : le Mormonisme a été fondé par des francs-maçons occultistes et les chefs mormons restent extrêmement susceptibles quant aux indices enfuis de leur passé qui reviendraient pour les hanter. L’Église Catholique Romaine pourrait traiter un « assaut magique » avec un haussement d’épaules d’une sophistication toute italienne – mais les mormons iraient chercher leurs fusils]. Le Télévangélisme offre un mélange assez tentant de média et de mauvaise religion. Mais quand il atteint à une véritable puissance, les églises se vident. Le dieu les a abandonnés. Le dieu a son propre talk-show, son propre sponsor, est son propre réseau. La véritable cible ce sont les Médias.
« L’assaut magique » cependant tient encore ses promesses comme tactique contre cette nouvelle église et cette « nouvelle inquisition » – précisément du fait que les médias, comme l’église, font leur travail au travers de la « magie » et de la manipulation des images. En fait, notre plus gros problème dans l’assaut contre les Médias sera d’inventer une tactique qui ne puisse être récupérée par Babylone et retournée à son propre avantage. Un « live-news » haletant qui rapporterait que C.B.S. a été attaqué par des sorciers radicaux deviendrait simplement une partie du « spectacle de la dissidence », un drame sous-manichéen du discours de la simulation. La meilleure défense tactique contre cette cooptation sera la subtile complexité et la profondeur esthétique de notre symbolisme, qui doit contenir des dimensions fractales intraduisibles dans le langage bi-dimensionnel du tube cathodique. Même si « ils » essayent de s’approprier notre imagerie, elle portera un sous-texte « viral » inattendu qui infectera tout essai de récupération grâce à un malaise nauséeux d’incertitude – une « terreur poétique ».
Une idée simple serait de faire exploser une tour de retransmission de télévision et d’en revendiquer le crédit au nom de la Société de Poésie Américaine (qui est censée faire exploser les tours de télévision) ; mais ce simple acte purement destructeur manque des aspects créatifs d’une tactique véritablement Immédiatiste. Chaque acte de destruction devrait idéalement être aussi un acte de création. Supposez que nous puissions pirater une retransmission de T.V. dans un quartier et au même moment organiser un festival inespéré, libérant et transformant l’endroit en une TAZ durant une nuit – alors, notre action combinerait la destruction et la création en une « action directe » de beauté et de terreur véritablement Immédiatiste – bakouninesque, situationniste, véritablement dadaïste du moins. Les Médias pourraient essayer de détourner cela et de s’en approprier le pouvoir pour eux-mêmes, mais même alors ils ne pourraient pas effacer l’expérience du quartier et de ses occupants libérés – et il y a de grandes chances pour que les Médias restent silencieux car l’ensemble de l’événement semblerait trop complexe à digérer et à « chier » comme « news ».
Une telle action aussi compliquée serait au-dessus des capacités de tous sauf des plus riches et des plus développés des Tongs Immédiatistes. Mais le principe peut être appliqué à des niveaux moindres de complexité. Par exemple, imaginez qu’un groupe d’étudiants veuille protester contre l’effet « lénifiant » du domaine de l’éducation en perturbant ou en fermant l’école pour quelque temps. Facile à faire, comme beaucoup de saboteurs au sein des hautes écoles l’ont découvert. Entrepris en tant qu’action purement négative, cependant, ce geste ne peut être interprété par les autorités que comme un acte de « délinquance » et donc son énergie peut être récupérée au bénéfice du Contrôle. Les saboteurs devraient se faire un point d’honneur à donner simultanément une information valable, de la beauté et un sens à l’aventure. La plus petite des brochures anonymes sur l’anarchisme, l’école à la maison, la critique des médias ou toutes autres choses de ce style, peut être « laissée sur la scène » ou distribuée à d’autres étudiants, dans les facultés et même à la presse. Au mieux, une alternative à l’école elle-même devrait être suggérée au travers de la convivialité, du caractère festif, de la libération de l’apprentissage, de la création partagée.
(***) (note en bas de page pour une insertion possible)
L’Assaut Occulte contre les Institutions – Media Hex, Hakim Bey. Traduit de l’anglais par Spartakus FreeMann, décembre 2001 e.v.
Extrait de Anarchisme Ontologique, Spartakus FreeMann, 2008. Pour vous procurer ce livre en format papier ou en .pdf, cliquez ICI.
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(1) Terme qui veut dire « qui arrive réellement », ndt.
(2) Temporary Autonomous Zone – « Zone Autonome Temporaire », ndt
Par Hakim Bey
Les niveaux d’une organisation Immédiatiste
1 – Le Rassemblement. Il pourrait prendre n’importe quelle forme de la soirée entre amis à l’émeute. Il peut être planifié ou non selon la spontanéité du « really happen » (1). Par exemple : un regroupement anarchiste, une célébration néo-paganiste, une « rave », une brève émeute urbaine ou une démonstration spontanée. Bien sûr, les meilleurs rassemblements deviennent des TAZ (2) comme les « Be-In » des années 60, les rassemblements tribaux des premiers « Rainbow », ou l’Émeute de Stonewall.
2 – Le Potlach horizontal. La réunion d’un groupe d’amis en vue d’échanger des présents. Une orgie organisée pourrait tomber dans cette catégorie, le cadeau étant le plaisir sexuel – ou un banquet, le présent étant alors la nourriture.
3 – La Réunion. La Réunion. Tout comme la réunion d’étude, la Réunion Immédiatiste consiste en la rencontre régulière d’un groupe d’ami afin de collaborer à un projet spécifique. La Réunion pourrait servir en tant que comité organisateur pour un rassemblement ou un potlach, ou en tant que création collaboratrice, un groupe « d’affinité » pour une action directe, etc. La Réunion est comme une Échelle de Passion dans le système de Fourrier, un groupe uni par une passion commune qui peut être uniquement réalisée par le groupe.
4 – Quand la Réunion acquiert une adhésion de ses membres plus ou moins permanente et un but plus large qu’un simple projet – un projet courant, disons – elle peut soit devenir un « club » ou une « Gessellschaft » (3) organisée non-hiérarchiquement pour une activité ouverte, ou bien un « Tong » organisé non-hiérarchiquement mais clandestinement pour une activité secrète. Le Tong est d’un intérêt plus immédiat pour nous pour des raisons tactiques et aussi parce que le club opère dans le danger d’être « institutionnalisé » et donc (selon la phrase d’Ivan Illich) d’être « d’une contre-productivité paradoxale » (c’est-à-dire, que l’institution tendant à la rigidité et au monopole, commence à produire les effets opposés à ceux de son but originel. Les sociétés fondées pour la « liberté » deviennent autoritaires, etc.). Le Tong Traditionnel est aussi sujet à cette trajectoire, mais un Tong Immédiatiste est conçu, pour ainsi, dire, dans le but de s’auto-détruire quand il n’est plus capable de servir son objectif.
5 – La TAZ peut émerger de n’importe laquelle des catégories ci-dessus, prises individuellement, en séquence ou ensemble. Ainsi, j’ai dit que la TAZ pouvait durer aussi brièvement qu’une nuit ou aussi longtemps que quelques années, ceci n’étant qu’une indication, et il est probable que beaucoup d’exemples tombent entre ces deux extrêmes. Une TAZ, cependant, est plus qu’aucune autre des 4 autres formes en ceci que sur sa durée elle capte l’attention de tous ses participants ; elle devient (brièvement) une société à part entière.
6 – Finalement, dans l’insurrection, la TAZ brise ses propres frontières et se répand (ou désire se répandre) au dehors dans le « monde entier », l’ensemble du temps/espace immédiatement disponible. Tant que l’insurrection dure, et ne s’est pas soldée par la défaite ou par une transformation en « Révolution » (qui aspire à devenir permanente), l’Insurrection garde la conscience de la plupart de ses adhérents dirigée vers cet insaisissable autre mode d’intensité, de clarté, d’attention, de réalisation individuelle ou collective, et (pour être abrupt) vers cette joie si caractéristique de ces grands soulèvements sociaux comme la Commune, ou 1968. D’un point de vue existentiel (et nous invoquons ici Stirner, Nietzsche et Camus), cette joie est le véritable but de l’insurrection.
Les buts d’une organisation Immédiatiste
1 – La Convivialité : rassemblement dans la promiscuité physique du groupe pour une amélioration synergique des plaisirs de ses membres.
2 – La Création : la création collaboratrice, directe et sans intermédiaire, d’une « nécessaire beauté », en dehors de toutes structures « d’hypermédiation », d’aliénation, de mercantilisation [Note : je n’utilise pas ici le terme d’hypermédia dans le sens qui lui est donné par nos camarades de Xexoxial Endarchy (4), qui appellent hypermédia la seule appropriation de tous les médiums créatifs en un simple effet… J’utilise « hypermédiation » pour signifier la représentation exacerbée à un niveau d’aliénation insupportable d’une image de la marchandise.] Depuis longtemps nous sommes las de jouer sur les mots et si vous ne savez pas ce que je veux dire par « nécessaire beauté » vous feriez mieux d’arrêter votre lecture ici. « L’Art » est seulement une sous-catégorie possible de ce mystère et pas nécessairement la plus vitale.
3 – La Destruction : nous allons plus loin que Bakounine et disons qu’il n’y a pas de création sans destruction. L’idée même d’apporter quelque beauté nouvelle implique que l’ancienne laideur doit être rejetée ou détruite. La beauté se définit elle-même en partie (mais de manière précise toutefois) en détruisant la laideur qui n’est pas elle-même. Dans notre version du mythe sorélien de la violence sociale, nous suggérons qu’aucun acte Immédiatiste n’est complètement authentique et efficace sans à la fois la création et la destruction : la totalité de la dialectique Immédiatiste est impliquée dans toute « action directe » Immédiatiste, à la fois la création-dans-la-destruction et la destruction-dans-la-création. De là le « terrorisme poétique », par exemple ; et de là le véritable but ou « télos » de toutes nos formes d’organisation est :
4 – La Construction de valeurs. « L’expérience maximale » de Maslow est formatrice de valeurs à un niveau individuel ; la réalité existentielle de la Réunion, du Tong, de la TAZ ou de l’Insurrection permet à une « réévaluation des valeurs » de s’écouler à partir de son intensité collective. Une autre manière de présenter les choses serait « la transformation de la vie de tous les jours ».
Le lien entre l’organisation et le but est la tactique. En termes simples, que fait une organisation Immédiatiste ? Notre « stratégie » est d’optimiser les conditions pour l’émergence de la TAZ (ou même de l’Insurrection) – mais quelles actions spécifiques peuvent-elles être entreprises afin de mettre sur pieds cette stratégie ? Sans tactique, l’organisation Immédiatiste ferait tout aussi bien de se disperser. « L’action directe » devrait dépasser la « cause » mais devrait également être en mesure à la fois de cibler son but et de s’identifier à son but. Nous ne pouvons pas utiliser des tactiques qui sont limitées à la médiation ; chaque action doit réaliser immédiatement le but, du moins d’une certaine manière, à moins de nous trouver nous-mêmes à travailler pour des abstractions et même des simulations de notre objectif. Et déjà les différentes tactiques et actions devraient aussi être plus que la simple somme de leurs parties et devraient donner naissance à la TAZ ou à l’Insurrection. Tout comme les organisations ordinaires ne peuvent fournir les structures dont nous avons besoin, les tactiques ordinaires ne peuvent satisfaire notre demande pour des « situations » immédiates et insurrectionnelles.
La Convivialité est à la fois une tactique et un objectif. Noble en elle-même, elle peut servir comme forme et contenu pour de tels modes d’organisations que le rassemblement, le potlach, le banquet. Mais la convivialité en elle-même manque de l’énergie transformante qui naît généralement d’un ensemble d’actions qui incluent ce que nous avons nommé la « destruction » et la « création ». L’organisation Immédiatiste idéale tend à un objectif plus global et s’empare de la convivialité comme nécessaire structure. En d’autres mots, se rassembler en groupe afin de planifier une TAZ potentielle pour un groupe plus large est déjà un acte Immédiatiste qui implique la convivialité – comme le royaume des cieux, qui est « ajouté à » toute lutte sincère en vue de percées plus exaltantes. Il semblerait que la tactique ou l’acte Immédiatiste quintescent cependant impliqueront simultanément la création et la destruction plutôt que la simple convivialité – de là les Réunions et les Tongs sont des formes d’organisation « plus élevées » que le rassemblement et le potlach.
La Convivialité est à la fois une tactique et un objectif. Noble en elle-même, elle peut servir comme forme et contenu pour de tels modes d’organisations que le rassemblement, le potlach, le banquet. Mais la convivialité en elle-même manque de l’énergie transformante qui naît généralement d’un ensemble d’actions qui incluent ce que nous avons nommé la « destruction » et la « création ». L’organisation Immédiatiste idéale tend à un objectif plus global et s’empare de la convivialité comme nécessaire structure. En d’autres mots, se rassembler en groupe afin de planifier une TAZ potentielle pour un groupe plus large est déjà un acte Immédiatiste qui implique la convivialité – comme le royaume des cieux, qui est « ajouté à » toute lutte sincère en vue de percées plus exaltantes. Il semblerait que la tactique ou l’acte Immédiatiste pur, cependant, impliqueront simultanément la création et la destruction plutôt que la simple convivialité – de là les Réunions et les Tongs sont des formes d’organisation « plus élevées » que le rassemblement et le potlach.
Dans la Réunion, l’accent est mis sur la création, le projet artistique collaboratif, l’acte de générosité du groupe envers lui-même et envers la réalité plutôt que vers une « audience » de consommateurs. Bien sûr, la Réunion peut aussi envisager et entreprendre des actions destructrices ou « criminelles ». Mais en agissant ainsi, elle a peut-être déjà fait le premier pas vers la constitution d’une société secrète ou d’un Tong Immédiatiste. C’est pourquoi je pense que le Tong est une forme plus complexe (ou « plus haute ») d’organisation Immédiatiste qui peut-être prédéterminée à un degré significatif. La TAZ et l’insurrection dépendent en fin de compte de divers facteurs pour que le processus « d’organisation » réussisse sans l’intervention de la « chance » (du hasard). Comme je l’ai dit, nous pouvons maximiser les possibilités d’une TAZ ou d’une insurrection, mais nous ne pouvons pas vraiment les « organiser » ou faire en sorte qu’elles arrivent. Le Tong, cependant, peut être clairement défini et organisé et peut mener des actions complexes, matérielles et symboliques, créatrices et destructrices. Le Tong ne peut garantir une TAZ, l’Insurrection le peut plus ou moins, mais il peut sûrement satisfaire beaucoup ou la plupart des désirs immédiats de moindre complexité – et après tout, il pourrait réussir à précipiter le grand événement d’une TAZ, de la Commune, de la « restauration des Ming » en tant que Grand Festival de la Conscience, l’objectif corrélatif à tout désir.
En gardant cela à l’esprit, essayons d’imaginer – et alors de critiquer – les tactiques possibles d’un groupe Immédiatiste, et idéalement du Tong semi-permanent et bien organisé ou du groupe d’action virtuel clandestin ou « d’affinité » du web, capable de tenter un ensemble complet d’actions directes au sein d’une stratégie globale. Chacune de ces actions doit simultanément endommager ou détruire quelque espace/temps imaginal ou réel de « l’ennemi », même si cette action crée simultanément pour ses auteurs une forte chance de connaître des expériences extrêmes ou « aventureuses » : chaque tactique doit donc, en un sens, tendre à s’approprier et à « détourner » (5) l’espace de l’ennemi, et éventuellement l’occuper et le transformer. Chaque tactique ou action est déjà potentiellement la « Voie » intégrale de l’autonomie en elle-même, tout comme chaque évocation du Réel contient déjà l’entièreté du chemin spirituel (selon la « gnose » de l’Ismaélisme et du Soufisme hétérodoxe).
Mais attendez ! Tout d’abord : qui est « l’Ennemi » ? C’est très bien de marmonner à propos des conspirations contre « l’Establishment » ou des réseaux de contrôle psychique. Nous parlons d’actions directes en temps réel qui doivent être menées « contre » les nœuds de pouvoir agissant en temps réel qui sont identifiables. La discussion sur des ennemis abstraits comme « l’état » ne nous mènera nulle part. Je ne suis opprimé (ou aliéné) directement par aucune entité concrète appelée état, mais par des groupes spécifiques comme les enseignants, la police, les chefs de bureau, etc. Une « Révolution » peut avoir comme but de détruire un « état ». Mais l’Insurrection et tous ses groupes d’actions Immédiatistes devront découvrir une cible qui ne soit pas une idée, un morceau de papier, un « spectre » qui nous enchaîne avec nos mauvais rêves de pouvoir et d’impuissance. Nous jouerons à la guerre des images, oui. Mais les images naissent ou coulent au travers de connexions spécifiques. Le Spectacle a une structure et la structure à des joints, des croisements, des niveaux, des modèles. Le Spectacle a même une adresse – parfois – peut-être. Il n’est pas réel de la même manière que la TAZ est réelle. Mais il est suffisamment réel pour être pris d’assaut.
Du fait que les textes Immédiatistes ont été largement destinés à des « artistes » aussi bien qu’à des « non autoritaires » et du fait que l’Immédiatisme n’est pas un mouvement politique, mais un jeu, un jeu esthétique, il semble indubitable que nous devions rechercher l’ennemi dans les médias, et plus particulièrement ces médias que nous estimons directement oppresseurs. Par exemple, pour l’étudiant l’oppresseur est le médium aliénant de « l’éducation », et la connexion (le nexus, le point de pression sur lequel agir) doit donc être l’école. Pour un artiste la source directe d’aliénation semblerait être l’ensemble que nous appelons habituellement les Médias, qui ont usurpé le temps et l’espace de l’Art comme nous désirons le pratiquer – qui ont redéfini toute communication créatrice comme échange de marchandises ou d’images aliénantes – qui ont empoisonné le « discours ». Dans le passé le médium aliénant était l’église et l’insurrection s’exprimait dans le langage que tenait la spiritualité hérétique contre la religion organisée. Aujourd’hui, les Médias jouent le rôle de l’Église dans la circulation des images. Tout comme l’Église a, autrefois, fabriqué une fausse pénurie de sainteté ou de salvation, ainsi les Médias construisent une fausse pénurie de valeurs, ou de « sens ». Tout comme l’Église a autrefois essayé d’imposer son monopole sur l’esprit, les Médias veulent refaire du langage lui-même un pur esprit, divorcé d’avec le corps. Les Médias dénient la signification de la corporalité et de la vie de tous les jours, tout comme l’Église définissait autrefois le corps comme démoniaque et la vie de tous les jours comme un péché. Les Médias se définissent eux-mêmes, ou définissent leurs discours, comme un univers réel. Nous, simple consommateurs, vivons dans le monde-crâne de l’illusion, avec la T.V. comme orbites au travers desquelles nous regardons le monde de la vie, le « riche & célèbre », la réalité. Et ainsi la religion avait-elle défini le monde comme illusion et les cieux comme seule réalité – réaliste, mais très éloignée. Si l’insurrection dialoguait un jour avec l’Église en tant qu’hérésie, elle devrait également le faire avec les Médias. Autrefois, les paysans révoltés brûlaient les églises. Mais que sont en fin de compte les églises des Médias ?
Il est facile de ressentir de la nostalgie pour ces ennemis autrefois magnifiques telle l’Église Catholique Romaine. J’ai même essayé de me convaincre qu’à notre époque de charades édulcorées et anti-sexes, il peut toujours valoir la peine de conspirer contre elle. Infiltrez l’Église ; remplissez les étagères avec de magnifiques tracts pornos sur lesquels il est inscrit : « Ceci est la Face de Dieu » ; cachez des objets dadaïstes/vaudous sous les sièges et derrière l’autel ; envoyez des manifestes occultes aux évêques et au clergé ; laissez filtrer des menaces sataniques dans la presse à scandales ; laissez des preuves incriminant les Illuminati. Une cible encore plus satisfaisante pourrait être les Mormons qui sont entièrement bardés de technologies de communication hypermédiatiques et aussi très sensibles à la « magie noire ». [Note : le Mormonisme a été fondé par des francs-maçons occultistes et les chefs mormons restent extrêmement susceptibles quant aux indices enfuis de leur passé qui reviendraient pour les hanter. L’Église Catholique Romaine pourrait traiter un « assaut magique » avec un haussement d’épaules d’une sophistication toute italienne – mais les mormons iraient chercher leurs fusils]. Le Télévangélisme offre un mélange assez tentant de média et de mauvaise religion. Mais quand il atteint à une véritable puissance, les églises se vident. Le dieu les a abandonnés. Le dieu a son propre talk-show, son propre sponsor, est son propre réseau. La véritable cible ce sont les Médias.
« L’assaut magique » cependant tient encore ses promesses comme tactique contre cette nouvelle église et cette « nouvelle inquisition » – précisément du fait que les médias, comme l’église, font leur travail au travers de la « magie » et de la manipulation des images. En fait, notre plus gros problème dans l’assaut contre les Médias sera d’inventer une tactique qui ne puisse être récupérée par Babylone et retournée à son propre avantage. Un « live-news » haletant qui rapporterait que C.B.S. a été attaqué par des sorciers radicaux deviendrait simplement une partie du « spectacle de la dissidence », un drame sous-manichéen du discours de la simulation. La meilleure défense tactique contre cette cooptation sera la subtile complexité et la profondeur esthétique de notre symbolisme, qui doit contenir des dimensions fractales intraduisibles dans le langage bi-dimensionnel du tube cathodique. Même si « ils » essayent de s’approprier notre imagerie, elle portera un sous-texte « viral » inattendu qui infectera tout essai de récupération grâce à un malaise nauséeux d’incertitude – une « terreur poétique ».
Une idée simple serait de faire exploser une tour de retransmission de télévision et d’en revendiquer le crédit au nom de la Société de Poésie Américaine (qui est censée faire exploser les tours de télévision) ; mais ce simple acte purement destructeur manque des aspects créatifs d’une tactique véritablement Immédiatiste. Chaque acte de destruction devrait idéalement être aussi un acte de création. Supposez que nous puissions pirater une retransmission de T.V. dans un quartier et au même moment organiser un festival inespéré, libérant et transformant l’endroit en une TAZ durant une nuit – alors, notre action combinerait la destruction et la création en une « action directe » de beauté et de terreur véritablement Immédiatiste – bakouninesque, situationniste, véritablement dadaïste du moins. Les Médias pourraient essayer de détourner cela et de s’en approprier le pouvoir pour eux-mêmes, mais même alors ils ne pourraient pas effacer l’expérience du quartier et de ses occupants libérés – et il y a de grandes chances pour que les Médias restent silencieux car l’ensemble de l’événement semblerait trop complexe à digérer et à « chier » comme « news ».
Une telle action aussi compliquée serait au-dessus des capacités de tous sauf des plus riches et des plus développés des Tongs Immédiatistes. Mais le principe peut être appliqué à des niveaux moindres de complexité. Par exemple, imaginez qu’un groupe d’étudiants veuille protester contre l’effet « lénifiant » du domaine de l’éducation en perturbant ou en fermant l’école pour quelque temps. Facile à faire, comme beaucoup de saboteurs au sein des hautes écoles l’ont découvert. Entrepris en tant qu’action purement négative, cependant, ce geste ne peut être interprété par les autorités que comme un acte de « délinquance » et donc son énergie peut être récupérée au bénéfice du Contrôle. Les saboteurs devraient se faire un point d’honneur à donner simultanément une information valable, de la beauté et un sens à l’aventure. La plus petite des brochures anonymes sur l’anarchisme, l’école à la maison, la critique des médias ou toutes autres choses de ce style, peut être « laissée sur la scène » ou distribuée à d’autres étudiants, dans les facultés et même à la presse. Au mieux, une alternative à l’école elle-même devrait être suggérée au travers de la convivialité, du caractère festif, de la libération de l’apprentissage, de la création partagée.
(***) (note en bas de page pour une insertion possible)
Extrait de Anarchisme Ontologique, Spartakus FreeMann, 2008. Pour vous procurer ce livre en format papier ou en .pdf, cliquez ICI.
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(1) Terme qui veut dire « qui arrive réellement », ndt.
(2) Temporary Autonomous Zone – « Zone Autonome Temporaire », ndt
(3) Société en allemand, ndt
(4) Groupe d’écrivains et d’artistes américains.
(5) En français dans le texte, ndt
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