Par Amorgen Dubhart
A priori, tout sépare la Wicca qui est un système magique et spirituel, de la Chaos Magick qui est plutôt un état d’esprit permettant d’habiter un système donné puis de l’abandonner au profit d’un autre selon ses besoins.
La Wicca initiatique se veut une résurgence des anciens mystères, et malgré sa souplesse, induit un système de croyances (réincarnation, rede, loi du triple, etc.) et de pratiques spécifiques (formation du cercle, descente de la Lune, Grand Rite, etc.). Malgré tout, la Wicca reste un syncrétisme où fusionnent harmonieusement des techniques d’horizons différents (Magie cérémonielle, Chamanisme, Tantra, etc.), parfois moins harmonieusement avec les délires « new age » qui s’incluent dans certains courants éclectiques (channelling, cristaux, reiki, etc.). L’éclectisme n’est pas forcément une mauvaise chose à partir du moment où règne l’excellence technique et la profondeur de vue, ce qui n’est hélas pas toujours le cas…
La Wicca est arbitrairement (à mon avis) cataloguée dans les voies de la Main Droite, tandis que la Chaos Magick l’est tout aussi arbitrairement dans les voies de la Main Gauche. Même si la finalité wiccane est d’ordre spirituel, la fusion dans le divin, certaines pratiques de la Wicca initiatiques me semblent empruntées aux voies de la main gauche et au final ne serait-ce pas plutôt une voie du milieu ?
La Chaos Magick quant à elle échappe à ce genre de classification, même si la plupart des praticiens du Chaos semblent parfois privilégier les voies de la Main Gauche.
Dès lors, si l’on se place du point de vue d’un wiccan, que faire de la Chaos Magick ? Comment éviter le télescopage de paradigme ? Comment concilier des croyances païennes à l’état d’esprit souple et pratique du Chaoticien ?
De mon point de vue, l’utilisation de certaines techniques issue des Chaoticiens ne pose aucun problème d’ordre éthique. À ce que j’en connais, il existe un nombre impressionnant de travaux concernant la transformation personnelle dans le corpus de rites du chaos, et si certains peuvent nécessiter une adaptation « mythologique » parce que faisant appel à des entités spécifiques, d’autres issus à l’origine de techniques chamaniques par exemple, peuvent être utilisés tels quels.
Les métas systèmes comme définis par Phil Hine dans son excellent ouvrage Chaos prêt à cuire sont légion, et certains auteurs wiccans ne se privent pas de faire correspondre Wicca et Kabbale, inventent des pseudotraditions historiques (Seax-Wicca, Norse-Wicca, Stregha, 1734, pecti-wica etc. ad nauseam…), qui mêlent allègrement un peu de tout…. Et y croient ensuite dur comme fer….Cela sonne très chaotique non ?
Alors, introduire sciemment un peu de Chaos (hail Eris !) dans les pratiques wiccanes peut s’avérer extrêmement profitable au praticien soucieux d’améliorer son excellence technique, et d’ouvrir l’éventail de ses possibilités. J’en veux pour exemple la technique des « sigils » qui se prête bien à nombre d’objectifs magickes et reste simple d’utilisation.
Il est clair cependant que le wiccan tendance pseudo-païen avec une morale chrétienne, invoquant le Dieu des lapins et la Déesse des fleurs, peut se sentir dérouté ou choqué par des travaux assez virulents concernant les aspects les plus sombres de notre psyché, et qu’il convient de mesurer l’impact de certaines pratiques avant de foncer tête baissée embrasser Eris…
Un autre point me semble important, la plupart des wiccans que je connais sont issus de milieux urbains et ont parfois un peu de mal à faire correspondre des pratiques liées au cycle des saisons et la nature, à une vie professionnelle et profane où la nature se résume à des plantes en pots et des touffes d’herbe perçant les trottoirs, la Magick du Chaos est résolument moderne et se pratique à merveille en milieu urbain. Invoquer l’élémental de l’électricité, ou l’esprit d’une ville, voire d’un quartier peut s’avérer utile et approprié à la vie urbaine. Ce genre de travaux ponctuels n’altérant en rien une croyance sincère et profonde dans les cycles naturels et l’engagement écologique.
Pour ne pas rester confiné dans la vision romantique d’un passé idéalisé, peuplé de jolies sorcières ou de gentils druides, le challenge du wiccan urbain pourrait être l’addition de la vision moderne et réaliste des pratiques chaoticiennes dans ses travaux magickes.
Enfin, je terminerais cet article décousu et fragmentaire par un conseil, je me suis rendu compte parfois à mes dépens que RIEN ne remplace l’expérience et l’excellence technique.
« Dans l’espace, personne ne vous entend rigoler… » Phil Hine.
Wicca et Chaos Magick, des passerelles possibles ? AD, Samhain 2002 ev.
Par Amorgen Dubhart
A priori, tout sépare la Wicca qui est un système magique et spirituel, de la Chaos Magick qui est plutôt un état d’esprit permettant d’habiter un système donné puis de l’abandonner au profit d’un autre selon ses besoins.
La Wicca initiatique se veut une résurgence des anciens mystères, et malgré sa souplesse, induit un système de croyances (réincarnation, rede, loi du triple, etc.) et de pratiques spécifiques (formation du cercle, descente de la Lune, Grand Rite, etc.). Malgré tout, la Wicca reste un syncrétisme où fusionnent harmonieusement des techniques d’horizons différents (Magie cérémonielle, Chamanisme, Tantra, etc.), parfois moins harmonieusement avec les délires « new age » qui s’incluent dans certains courants éclectiques (channelling, cristaux, reiki, etc.). L’éclectisme n’est pas forcément une mauvaise chose à partir du moment où règne l’excellence technique et la profondeur de vue, ce qui n’est hélas pas toujours le cas…
La Wicca est arbitrairement (à mon avis) cataloguée dans les voies de la Main Droite, tandis que la Chaos Magick l’est tout aussi arbitrairement dans les voies de la Main Gauche. Même si la finalité wiccane est d’ordre spirituel, la fusion dans le divin, certaines pratiques de la Wicca initiatiques me semblent empruntées aux voies de la main gauche et au final ne serait-ce pas plutôt une voie du milieu ?
La Chaos Magick quant à elle échappe à ce genre de classification, même si la plupart des praticiens du Chaos semblent parfois privilégier les voies de la Main Gauche.
Dès lors, si l’on se place du point de vue d’un wiccan, que faire de la Chaos Magick ? Comment éviter le télescopage de paradigme ? Comment concilier des croyances païennes à l’état d’esprit souple et pratique du Chaoticien ?
De mon point de vue, l’utilisation de certaines techniques issue des Chaoticiens ne pose aucun problème d’ordre éthique. À ce que j’en connais, il existe un nombre impressionnant de travaux concernant la transformation personnelle dans le corpus de rites du chaos, et si certains peuvent nécessiter une adaptation « mythologique » parce que faisant appel à des entités spécifiques, d’autres issus à l’origine de techniques chamaniques par exemple, peuvent être utilisés tels quels.
Les métas systèmes comme définis par Phil Hine dans son excellent ouvrage Chaos prêt à cuire sont légion, et certains auteurs wiccans ne se privent pas de faire correspondre Wicca et Kabbale, inventent des pseudotraditions historiques (Seax-Wicca, Norse-Wicca, Stregha, 1734, pecti-wica etc. ad nauseam…), qui mêlent allègrement un peu de tout…. Et y croient ensuite dur comme fer….Cela sonne très chaotique non ?
Alors, introduire sciemment un peu de Chaos (hail Eris !) dans les pratiques wiccanes peut s’avérer extrêmement profitable au praticien soucieux d’améliorer son excellence technique, et d’ouvrir l’éventail de ses possibilités. J’en veux pour exemple la technique des « sigils » qui se prête bien à nombre d’objectifs magickes et reste simple d’utilisation.
Il est clair cependant que le wiccan tendance pseudo-païen avec une morale chrétienne, invoquant le Dieu des lapins et la Déesse des fleurs, peut se sentir dérouté ou choqué par des travaux assez virulents concernant les aspects les plus sombres de notre psyché, et qu’il convient de mesurer l’impact de certaines pratiques avant de foncer tête baissée embrasser Eris…
Un autre point me semble important, la plupart des wiccans que je connais sont issus de milieux urbains et ont parfois un peu de mal à faire correspondre des pratiques liées au cycle des saisons et la nature, à une vie professionnelle et profane où la nature se résume à des plantes en pots et des touffes d’herbe perçant les trottoirs, la Magick du Chaos est résolument moderne et se pratique à merveille en milieu urbain. Invoquer l’élémental de l’électricité, ou l’esprit d’une ville, voire d’un quartier peut s’avérer utile et approprié à la vie urbaine. Ce genre de travaux ponctuels n’altérant en rien une croyance sincère et profonde dans les cycles naturels et l’engagement écologique.
Pour ne pas rester confiné dans la vision romantique d’un passé idéalisé, peuplé de jolies sorcières ou de gentils druides, le challenge du wiccan urbain pourrait être l’addition de la vision moderne et réaliste des pratiques chaoticiennes dans ses travaux magickes.
Enfin, je terminerais cet article décousu et fragmentaire par un conseil, je me suis rendu compte parfois à mes dépens que RIEN ne remplace l’expérience et l’excellence technique.
« Dans l’espace, personne ne vous entend rigoler… » Phil Hine.