« Against his will he dieth that hath not learned to die. Learn to die and thou shalt learn to live, For there shall none learn to live that hath not learned to die. »
The Book of the Craft of Dying (Toure of all Toures : and Teacheth a Man for to Die)
« Ils disent que je vais mourir. Mais je ne pars pas.
Où pourrais-je aller ? Je suis là. »
Sri Bhagavan Ramana Maharshi
Arunachala, la montagne de Shiva possède ce caractère sacré de certains lieux d’Inde où une énergie constamment alimentée par des siècles de prières et de dévotions vous transporte inévitablement vers des horizons inexplorés, des contrées plus profondes, pour un voyage à la rencontre de vous-même.
Arunachala Montagne sacrée où est apparu Shiva sous la forme d’un lingam de lumière.
Lors d’un conflit opposant Vishnou et Brahmâ afin de savoir lequel des deux avait la supériorité, Shiva serait apparu devant eux sous la forme d’une immense colonne de feu entre les eaux. Les deux dieux se lancèrent alors d’un défi : le premier qui parviendrait à atteindre l’extrémité de la colonne prouverait son ascendant sur l’autre et établirait de façon définitive sa supériorité. Vishnou se transforma en sanglier et plongea au fond des eaux tandis que Brahmâ prit la forme d’une oie pour voler aussi haut que possible. Mais la colonne s’élevait et descendait au-delà de toute limite si bien que les dieux échouèrent dans leur tentative. Shiva, resté jusqu’à présent silencieux, se révéla alors à eux en prouvant ainsi sa suprématie. Il instaura en ce jour les principes et l’origine de son culte. Ce lieu mythique où Shiva est apparu est situé dans le Sud Ouest de l’Inde dans le village de Tiruvanamalai ; Sa montagne a pour nom Arunachala.
26/01/09 Lune noire – Arrivée a Tiruvanamalai
Les terres du Seigneur de la Destruction m’ouvrent leur porte, je porte encore en moi les traces énergétiques du dernier rituel du Temple. Les écorces s’agrippent et la sève saigne, pas les meilleures conditions pour une retraite magique.. ? Et pourquoi pas. Shiva est un dieu lunaire, majestueux dépassant de loin les restrictions des hommes, il porte en lui le dépassement de nos propres limites et des habitudes de l’ego ; Il vous force à quitter vos attaches et vos occupations quotidiennes pour une recherche de l’être au-delà de toute forme, se jouant de toute énergie et gardant une stabilité dépassant tout cycle cosmique, Il est le Temps, la Mort et la Renaissance et sa danse entraîne dans chaque coup de tambour la création et la destruction d’un nouveau monde.
29/01/09 Virupaksha cave et le Maharshi
Rendez-vous pris avec Morgan pour aller marcher dans la montagne sacrée, ou vécut et médita de nombreuses années (pendant plus de 15 ans) Shri Bhagavan Ramana Maharshi, sage hindou, maître de l’Advaita, grand prince de la non-dualité. La première chose qui me frappe dans l’histoire du Maharshi est qu’il relate une expérience de mort complète de ses différents corps (physique, astral et mental) et de plongeon dans le Soi dès l’âge de 16 ans ; expérience qui à n’en pas douter changea entièrement sa vie réveillant en lui l’aspiration profonde à une vie de méditation et de dévotion mystique.
Shiva avait fait sonner en lui son appel. Pour un voyage sans retour vers l’Inconnu. Un voyage dans lequel celui qui l’entreprend décide à jamais de quitter les masques de la vie de tous les jours pour ne plus se consacrer qu’à la recherche d’une ultime réalité.
Après une heure de marche sur le flanc de la montagne nous apercevons Virupaksha cave, où le Maharshi médita pendant plus de 15 ans. Les caves sont ornées de photos du maître hindou. Ses yeux dégagent une impression de profondeur gigantesque, d’infinie plénitude et de calme absolu. Il est difficile même d’en écrire quelques mots tant ils vous invitent au silence. Ramana est présent partout : dans la montagne, dans la ville, sur les murs, et dans les esprits. Les premières méditations vous font vite sentir le souffle bienveillant de sa présence. Le souffle d’une unité, profondément révélée, qui ouvre les portes de l’âme et fait sonner les cloches de mélodies d’une autre perspective, le chant des dakshini et pleuvoir sur vous la lumière des étoiles.
Shri Bhagavan Maharshi
Je devais aussi me laisser immerger par les énergies,
marcher dans la montagne, parcourir les couloirs du temple.
connaître le Seigneur Shiva sous toutes ses formes.
Dieu du Temps, Seigneur de la Création, de la Destruction,
De l’Intoxication Mystique et des Rythmes Cosmiques.
Oublier, Mourir, Renaitre.
30/01/09 – Rituel chaote au temple d’Arunachaleschwar
Après m’être rasé la tête, je me dirige vers le Temple sans but particulier. À part de visiter et m’accoutumer du lieu. Derrière le hall où se rassemblent les vendeurs de souvenirs, les sâdhus, les femmes et les conducteurs de rickshaws, s’élève le Gopuram (tour pyramidale marquant l’entrée des temples en Inde du Sud) de l’entrée principale. Il compte 13 étages, tout en pierres blanches, et s’élève imperturbable, stoïque devant le brouhaha de la ville et les mantras qui résonnent des magasins de musique a l’entour.
Un mois de visite dans différents temples à Shiva me précède et je suis à chaque fois étonné de me retrouver dans cette ambiance particulière, unique qui me rappelle mon premier choc un an auparavant, au temple de Trimbakeshwar à Nasik. Dans cette petite ville de pèlerinage bordée de plus de 200 édifices religieux se trouve perché du haut de la vallée, l’un des 12 jyothir lingam ; Temple de basalte noir aux traits absolutistes qui donne l’impression d’appartenir à un autre monde ; outre ses habitants et le peu de touristes, la cité accueille des pèlerins qui ont parfois marché plusieurs centaines de kilomètres pour venir prier quelques secondes devant l’effigie du sanctuaire. Il y a une à deux heures de queue avant d’entrer, il faut imaginer alors que l’excitation est à son comble. On peut dire que la ferveur du moment vous prend réellement aux tripes. Dans le hall principal, la foule scande les noms divins et les mantras résonnent comme autant de coups de tambour en l’honneur de Shiva. L’ambiance électrique se transmet alors que la foule exulte et s’avance. L’autel se rapproche, les gens passent et font des gestes ; en arrivant à la statue, je reçois la charge énergétique la plus intense que je pus jamais sentir dans un temple. Une bonne introduction à l’expérience d’Arunachala.
Après l’entrée principale se présente un premier petit temple intérieur dédié à Kala Bairava, Shiva sous sa forme guerrière,. Les morceaux de bois de santal et les coupelles de ghee maintiennent allumée la flamme et la fumée d’encens en offrande tient lieu de nourriture spirituelle. Elle permet aussi à la divinité de consacrer et d’investir la statue. Je revois une sâdhu chiromancienne rencontrée la veille. Son regard de braise et ses expressions semblent répondre à mes tâtonnements, m’invitant à aller plus loin. Je continue donc mon exploration en saluant chacune des représentations de la divinité, chacun des temples de dédications. Il doit y avoir une vingtaine de monuments dispersés dans l’enceinte principale. On y retrouve principalement des lingam (symbole phallique), des statues de Shiva, du taureau Nandi, l’âme-véhicule du Dieu et de divers animaux qui lui sont associés tels le paon et le cobra ainsi que des autels dédiés au dieu Ganesh.. L’accès à la dernière salle du Temple, le sanctuaire, est pour l’instant fermé.
Le soleil bat son plein, le sol est de feu, les sâdhus arborent tous des habits de rouge éclatant, brodés de motifs dorés. Des flammes sont allumées devant chaque autel. Tout est rayonnant, brûlant, criant d’énergie solaire autour de moi, tout s’embrase. Alors que je reviens vers l’angle Nord Est je remarque un petit escalier escarpé dans le mur qui amène vers les hauteurs. En l’empruntant, je me retrouve assez rapidement sur ce qui forme la tour de ronde de la triple enceinte du Temple. L’endroit est interdit aux visiteurs et sert pour le réglage de l’éclairage en soirée. De cet espace du dessus, j’ai une formidable vue sur l’ensemble du temple et l’agitation ambiante qui s’y déploie. J’avais pris soin d’emporter un marqueur blindé à la corrio noire.
Le temps s’arrête –
Cet instant marquera le commencement d’une lunaison de dédication et de rituels en l’honneur de Shiva. Om Namah Shivaya !
Je pose un premier sigil au coin inférieur droit de la muraille, mon nomen avec au centre le sceau du Aloha, me connectant ainsi au Temple et au 1er cercle, le Vide et champ de pure potentialité. Chargé de mon empreinte et de la mudra de Muad Dib, le Zos au centre de la Roue, le sigil marque l’établissement du pilier en Hochmah, le 1/3 de l’ouverture de l’œil. Tout s’enchaîne dans un état mêlant excitation et libération extatique. Totale libération de l’être.
Seule s’avance la marionnette qui me sert d’enveloppe, guidée par la foudre de mon âme, les points d’accès plantés dans les dimensions célestes.
En continuant sur la muraille, je pose un 2e sigil face sud, pour former un réseau énergétique basé sur la triangulation. En bas, un gardien m’a vu et me fait signe de descendre au plus vite, je doute que ma présence ici soit particulièrement appréciée. J’acquiesce, fais signe que j’ai compris et me dirige vers le coin Nord-Ouest. Arrivé au dernier sommet du triangle, sur la muraille, une plate-forme s’avance sur le toit du premier temple. L’endroit offre une vue magnifique sur le sanctuaire central, les gopuram et la montagne sacrée. Et l’énergie solaire incroyable ajoutée au caractère unique de la situation me poussent à saisir l’opportunité de m’unir avec ce lieu et de lier le Temple avec l’ouverture de l’Oeil, la combustion essentielle de l’énergie par le feu divin. Tout s’accélère, je pose mon dernier sigil, avance sur la plate-forme en hauteur, face à la montagne. J’improvise alors une dédication a Shiva et au phallus solaire, et invoque en moi l’énergie du feu, tout est très lumineux et devant le Seigneur de la Destruction le temps n’a plus prise. Dans l’excitation je laisse ensuite aller mon âme à une danse dédiée à l’astre resplendissant, sur le toit du temple, dans les postures du Nataraja (Shiva sous sa forme de danseur cosmique) tandis que je scande ensuite son nom, les bras en l’air, dans la récitation de son mantra. Mon âme et mon corps s’embrasent, en créant un cône de pouvoir à la manière des derviches tourneurs. Au paroxysme de la charge, j’offre sur le toit de l’édifice ma semence au Soleil, au temple et à la montagne sacrée et trace sur le sol le sceau d’Aloha, créant ainsi un lien énergétique avec l’endroit. Dans le temple, au centre des 3 sommets, se trouve précisément la statue sacrée de l’édifice intérieur, le siège de la conscience, le feu qui transmute tout. Ainsi se complète le tracé du triangle énergétique qui contient en son centre l’ouverture de l’Oeil.
Remerciements pour ce moment d’éternité. En redescendant par les ghats, j’achève la triangulation en reliant mentalement les sigils entre eux et en traçant le sceau sur papier, les entourant d’un cercle.
Je sors alors du Temple et me met en chemin pour une première circambulation sur le mantra de Shiva (environ une quinzaine de minutes pour faire le tour complet du temple) A la fin de mon 1er tour les sâdhus ont sorti le feu de puja devant l’entrée principale, je marque une pause et jette le sceau en triangle dans le Feu. Forte charge énergétique.
J’entame alors une 2e circumambulation focalisée sur l’énergie du Feu, toute mon attention portée sur l’élément, je me vois feu, avancer feu, réagir feu. Je profite de la fin de mon deuxième tour pour placer une dédicace à Airzombie. Feu marche avec Nous.
À ma 3e circumambulation sur le symbole du soleil et du phallus, cela fait environ une heure que je tourne, j’ai l’impression d’être un bûcher de cendres sur lequel on souffle, des braises qu’on continue d’alimenter, Shiva. Sur le chemin je tombe sur un lingam en pierre noire pour mon autel, que je consacre par le feu à la fin de mon 3e tour.
Fin du rituel. Om Namah Shivay !
Initiation sur la montagne sacrée d’Arunachala, kAzim, 2009.
Par kAzIm
Magie du chaos sur les terres de Shiva
« Against his will he dieth that hath not learned to die. Learn to die and thou shalt learn to live, For there shall none learn to live that hath not learned to die. »
The Book of the Craft of Dying (Toure of all Toures : and Teacheth a Man for to Die)
« Ils disent que je vais mourir. Mais je ne pars pas.
Où pourrais-je aller ? Je suis là. »
Sri Bhagavan Ramana Maharshi
Arunachala, la montagne de Shiva possède ce caractère sacré de certains lieux d’Inde où une énergie constamment alimentée par des siècles de prières et de dévotions vous transporte inévitablement vers des horizons inexplorés, des contrées plus profondes, pour un voyage à la rencontre de vous-même.
Arunachala Montagne sacrée où est apparu Shiva sous la forme d’un lingam de lumière.
Lors d’un conflit opposant Vishnou et Brahmâ afin de savoir lequel des deux avait la supériorité, Shiva serait apparu devant eux sous la forme d’une immense colonne de feu entre les eaux. Les deux dieux se lancèrent alors d’un défi : le premier qui parviendrait à atteindre l’extrémité de la colonne prouverait son ascendant sur l’autre et établirait de façon définitive sa supériorité. Vishnou se transforma en sanglier et plongea au fond des eaux tandis que Brahmâ prit la forme d’une oie pour voler aussi haut que possible. Mais la colonne s’élevait et descendait au-delà de toute limite si bien que les dieux échouèrent dans leur tentative. Shiva, resté jusqu’à présent silencieux, se révéla alors à eux en prouvant ainsi sa suprématie. Il instaura en ce jour les principes et l’origine de son culte. Ce lieu mythique où Shiva est apparu est situé dans le Sud Ouest de l’Inde dans le village de Tiruvanamalai ; Sa montagne a pour nom Arunachala.
26/01/09 Lune noire – Arrivée a Tiruvanamalai
Les terres du Seigneur de la Destruction m’ouvrent leur porte, je porte encore en moi les traces énergétiques du dernier rituel du Temple. Les écorces s’agrippent et la sève saigne, pas les meilleures conditions pour une retraite magique.. ? Et pourquoi pas. Shiva est un dieu lunaire, majestueux dépassant de loin les restrictions des hommes, il porte en lui le dépassement de nos propres limites et des habitudes de l’ego ; Il vous force à quitter vos attaches et vos occupations quotidiennes pour une recherche de l’être au-delà de toute forme, se jouant de toute énergie et gardant une stabilité dépassant tout cycle cosmique, Il est le Temps, la Mort et la Renaissance et sa danse entraîne dans chaque coup de tambour la création et la destruction d’un nouveau monde.
29/01/09 Virupaksha cave et le Maharshi
Rendez-vous pris avec Morgan pour aller marcher dans la montagne sacrée, ou vécut et médita de nombreuses années (pendant plus de 15 ans) Shri Bhagavan Ramana Maharshi, sage hindou, maître de l’Advaita, grand prince de la non-dualité. La première chose qui me frappe dans l’histoire du Maharshi est qu’il relate une expérience de mort complète de ses différents corps (physique, astral et mental) et de plongeon dans le Soi dès l’âge de 16 ans ; expérience qui à n’en pas douter changea entièrement sa vie réveillant en lui l’aspiration profonde à une vie de méditation et de dévotion mystique.
Shiva avait fait sonner en lui son appel. Pour un voyage sans retour vers l’Inconnu. Un voyage dans lequel celui qui l’entreprend décide à jamais de quitter les masques de la vie de tous les jours pour ne plus se consacrer qu’à la recherche d’une ultime réalité.
Après une heure de marche sur le flanc de la montagne nous apercevons Virupaksha cave, où le Maharshi médita pendant plus de 15 ans. Les caves sont ornées de photos du maître hindou. Ses yeux dégagent une impression de profondeur gigantesque, d’infinie plénitude et de calme absolu. Il est difficile même d’en écrire quelques mots tant ils vous invitent au silence. Ramana est présent partout : dans la montagne, dans la ville, sur les murs, et dans les esprits. Les premières méditations vous font vite sentir le souffle bienveillant de sa présence. Le souffle d’une unité, profondément révélée, qui ouvre les portes de l’âme et fait sonner les cloches de mélodies d’une autre perspective, le chant des dakshini et pleuvoir sur vous la lumière des étoiles.
Shri Bhagavan Maharshi
Je devais aussi me laisser immerger par les énergies,
marcher dans la montagne, parcourir les couloirs du temple.
connaître le Seigneur Shiva sous toutes ses formes.
Dieu du Temps, Seigneur de la Création, de la Destruction,
De l’Intoxication Mystique et des Rythmes Cosmiques.
Oublier, Mourir, Renaitre.
30/01/09 – Rituel chaote au temple d’Arunachaleschwar
Après m’être rasé la tête, je me dirige vers le Temple sans but particulier. À part de visiter et m’accoutumer du lieu. Derrière le hall où se rassemblent les vendeurs de souvenirs, les sâdhus, les femmes et les conducteurs de rickshaws, s’élève le Gopuram (tour pyramidale marquant l’entrée des temples en Inde du Sud) de l’entrée principale. Il compte 13 étages, tout en pierres blanches, et s’élève imperturbable, stoïque devant le brouhaha de la ville et les mantras qui résonnent des magasins de musique a l’entour.
Un mois de visite dans différents temples à Shiva me précède et je suis à chaque fois étonné de me retrouver dans cette ambiance particulière, unique qui me rappelle mon premier choc un an auparavant, au temple de Trimbakeshwar à Nasik. Dans cette petite ville de pèlerinage bordée de plus de 200 édifices religieux se trouve perché du haut de la vallée, l’un des 12 jyothir lingam ; Temple de basalte noir aux traits absolutistes qui donne l’impression d’appartenir à un autre monde ; outre ses habitants et le peu de touristes, la cité accueille des pèlerins qui ont parfois marché plusieurs centaines de kilomètres pour venir prier quelques secondes devant l’effigie du sanctuaire. Il y a une à deux heures de queue avant d’entrer, il faut imaginer alors que l’excitation est à son comble. On peut dire que la ferveur du moment vous prend réellement aux tripes. Dans le hall principal, la foule scande les noms divins et les mantras résonnent comme autant de coups de tambour en l’honneur de Shiva. L’ambiance électrique se transmet alors que la foule exulte et s’avance. L’autel se rapproche, les gens passent et font des gestes ; en arrivant à la statue, je reçois la charge énergétique la plus intense que je pus jamais sentir dans un temple. Une bonne introduction à l’expérience d’Arunachala.
Après l’entrée principale se présente un premier petit temple intérieur dédié à Kala Bairava, Shiva sous sa forme guerrière,. Les morceaux de bois de santal et les coupelles de ghee maintiennent allumée la flamme et la fumée d’encens en offrande tient lieu de nourriture spirituelle. Elle permet aussi à la divinité de consacrer et d’investir la statue. Je revois une sâdhu chiromancienne rencontrée la veille. Son regard de braise et ses expressions semblent répondre à mes tâtonnements, m’invitant à aller plus loin. Je continue donc mon exploration en saluant chacune des représentations de la divinité, chacun des temples de dédications. Il doit y avoir une vingtaine de monuments dispersés dans l’enceinte principale. On y retrouve principalement des lingam (symbole phallique), des statues de Shiva, du taureau Nandi, l’âme-véhicule du Dieu et de divers animaux qui lui sont associés tels le paon et le cobra ainsi que des autels dédiés au dieu Ganesh.. L’accès à la dernière salle du Temple, le sanctuaire, est pour l’instant fermé.
Le soleil bat son plein, le sol est de feu, les sâdhus arborent tous des habits de rouge éclatant, brodés de motifs dorés. Des flammes sont allumées devant chaque autel. Tout est rayonnant, brûlant, criant d’énergie solaire autour de moi, tout s’embrase. Alors que je reviens vers l’angle Nord Est je remarque un petit escalier escarpé dans le mur qui amène vers les hauteurs. En l’empruntant, je me retrouve assez rapidement sur ce qui forme la tour de ronde de la triple enceinte du Temple. L’endroit est interdit aux visiteurs et sert pour le réglage de l’éclairage en soirée. De cet espace du dessus, j’ai une formidable vue sur l’ensemble du temple et l’agitation ambiante qui s’y déploie. J’avais pris soin d’emporter un marqueur blindé à la corrio noire.
Le temps s’arrête –
Cet instant marquera le commencement d’une lunaison de dédication et de rituels en l’honneur de Shiva. Om Namah Shivaya !
Je pose un premier sigil au coin inférieur droit de la muraille, mon nomen avec au centre le sceau du Aloha, me connectant ainsi au Temple et au 1er cercle, le Vide et champ de pure potentialité. Chargé de mon empreinte et de la mudra de Muad Dib, le Zos au centre de la Roue, le sigil marque l’établissement du pilier en Hochmah, le 1/3 de l’ouverture de l’œil. Tout s’enchaîne dans un état mêlant excitation et libération extatique. Totale libération de l’être.
Seule s’avance la marionnette qui me sert d’enveloppe, guidée par la foudre de mon âme, les points d’accès plantés dans les dimensions célestes.
En continuant sur la muraille, je pose un 2e sigil face sud, pour former un réseau énergétique basé sur la triangulation. En bas, un gardien m’a vu et me fait signe de descendre au plus vite, je doute que ma présence ici soit particulièrement appréciée. J’acquiesce, fais signe que j’ai compris et me dirige vers le coin Nord-Ouest. Arrivé au dernier sommet du triangle, sur la muraille, une plate-forme s’avance sur le toit du premier temple. L’endroit offre une vue magnifique sur le sanctuaire central, les gopuram et la montagne sacrée. Et l’énergie solaire incroyable ajoutée au caractère unique de la situation me poussent à saisir l’opportunité de m’unir avec ce lieu et de lier le Temple avec l’ouverture de l’Oeil, la combustion essentielle de l’énergie par le feu divin. Tout s’accélère, je pose mon dernier sigil, avance sur la plate-forme en hauteur, face à la montagne. J’improvise alors une dédication a Shiva et au phallus solaire, et invoque en moi l’énergie du feu, tout est très lumineux et devant le Seigneur de la Destruction le temps n’a plus prise. Dans l’excitation je laisse ensuite aller mon âme à une danse dédiée à l’astre resplendissant, sur le toit du temple, dans les postures du Nataraja (Shiva sous sa forme de danseur cosmique) tandis que je scande ensuite son nom, les bras en l’air, dans la récitation de son mantra. Mon âme et mon corps s’embrasent, en créant un cône de pouvoir à la manière des derviches tourneurs. Au paroxysme de la charge, j’offre sur le toit de l’édifice ma semence au Soleil, au temple et à la montagne sacrée et trace sur le sol le sceau d’Aloha, créant ainsi un lien énergétique avec l’endroit. Dans le temple, au centre des 3 sommets, se trouve précisément la statue sacrée de l’édifice intérieur, le siège de la conscience, le feu qui transmute tout. Ainsi se complète le tracé du triangle énergétique qui contient en son centre l’ouverture de l’Oeil.
Aloha !
Remerciements pour ce moment d’éternité. En redescendant par les ghats, j’achève la triangulation en reliant mentalement les sigils entre eux et en traçant le sceau sur papier, les entourant d’un cercle.
Je sors alors du Temple et me met en chemin pour une première circambulation sur le mantra de Shiva (environ une quinzaine de minutes pour faire le tour complet du temple) A la fin de mon 1er tour les sâdhus ont sorti le feu de puja devant l’entrée principale, je marque une pause et jette le sceau en triangle dans le Feu. Forte charge énergétique.
J’entame alors une 2e circumambulation focalisée sur l’énergie du Feu, toute mon attention portée sur l’élément, je me vois feu, avancer feu, réagir feu. Je profite de la fin de mon deuxième tour pour placer une dédicace à Airzombie. Feu marche avec Nous.
À ma 3e circumambulation sur le symbole du soleil et du phallus, cela fait environ une heure que je tourne, j’ai l’impression d’être un bûcher de cendres sur lequel on souffle, des braises qu’on continue d’alimenter, Shiva. Sur le chemin je tombe sur un lingam en pierre noire pour mon autel, que je consacre par le feu à la fin de mon 3e tour.
Fin du rituel. Om Namah Shivay !
(A suivre)