Babalon, dans le système de la Magick de Crowley, est dépeinte comme la Femme Écarlate, la Grande Mère & Mère des Abominations. Sa forme divine est celle de la prostituée sacrée & son symbole principal est celui du Calice du Graal. Son consort est la Chaos, le « Père de la Vie », forme masculine du Principe Créateur. Babalon est souvent décrite comme une femme portant une épée et chevauchant la Bête à laquelle s’est personnellement identifié Aleister Crowley. Dans un sens plus général, Babalon représente la femme libérée et l’expression de la pulsion sexuelle.
Babalon, la Porte de la Cité des Pyramides.
Dans le système de la Magick, l’adepte atteint l’étape finale lorsqu’il ou elle doit traverser les Abysses, ce lieu sauvage du néant et de la dissolution. Choronzon (voir notre étude sur Choronzon) réside en ce lieu et son rôle est de piéger celui qui voyage dans ce monde d’illusions. Cependant, Babalon est juste de l’autre côté faisant signe à l’adepte. Si l’adepte se donne à Elle – le symbole de cet acte est le versement du sang de l’adepte dans son Graal – il s’imprègne alors d’Elle afin de renaître sous la forme d’un maître et d’un saint qui réside dans la Cité des Pyramides. Ce processus est magnifiquement décrit dans le 15e Aethyr de la « Vision et la Voix ».
Le concept contenu dans l’image de Babalon est celui d’un idéal mystique, la quête afin de devenir un avec le tout. Ce processus requiert nécessairement le refus de nier quoi que ce soit, de devenir parfaitement passif au monde, de permettre à toutes les expériences d’advenir, de s’abandonner soi-même dans un déluge de sensations. Au travers de cela, le mystique arrive à un contact direct avec la vie, formulant ainsi le vin du Graal, étant la compréhension distillée qui est dérivée de l’expérience brute. Ce processus a son analogie dans l’œuvre de la Dame de la Nuit.
Babalon est décrite dans divers textes thélémites, mais son aspect le plus édifiant se situe dans la « Vision et la Voix » dans le passage qui explique la fonction du Calice :
« Qu’il regarde la coupe où le sang est mêlé, car le vin de la coupe est le sang des saints. Gloire à la Femme Écarlate, Babalon la Mère des Abomination qui chevauche la Bête, car elle a projeté leur sang aux quatre coins de la terre et vois ! elle l’a mélangé dans la coupe de prostitution ».
« Avec le souffle de ses baisers, elle l’a fait fermenter, et il est devenu le vin du Sacrement, le vin du Sabbath ; et au sein de la Sainte Assemblée elle l’a versé pour ses adorateurs, et ils en sont devenus ivres, pour qu’ainsi, face à face ils regardent mon Père. Ainsi, sont-ils rendus dignes de partager le Mystère de son saint vase, car le sang est la vie ».
« (Ce vin est tel que sa vertu irradie au travers de la coupe, et je titube sous son l’ivresse. Et chaque pensée est détruite par lui. Il demeure seul, et son nom est Compassion. Je comprends par « Compassion » le sacrement de la souffrance, partagée par les véritables adeptes du Plus Haut. Et c’est l’extase dans laquelle il n’y a nulle trace de douleur. Sa passivité (=sa passion) est comme l’abandon de soi au bien-aimé) ».
La Vision et la Voix, 12e Aethyr, Aleister Crowley.
L’orthographe de son Nom sous la forme de « Babalon » ne fut révélée que dans la vision du 10e Aethyr où ce nom est utilisé afin de bannir les forces de Choronzon. La découverte de la forme du Nom représente le succès de la traversée des Abysses par Crowley et de son entrée dans la Sphère de Binah qui est attribuée à Babalon.
La Cité des Pyramides est le domicile mystique des adeptes qui ont réussi à traverser le Grand Abysse, ceux qui ont versé leur sang dans le Graal de Babalon. Ils ont détruit leut ego afin de ne plus être que grains de poussière. Ils sont devenus des Enfants au sein de Babalon et là, ils ont pour nom Saint ou Nemo. Dans le système de l’AA, ils sont appelés « Maîtres du Temple ».
La Grande Prostituée.
Babalon porte ce titre, car elle ne refuse personne et cependant elle demande un grand prix – le sang de l’adepte et son identité ego en tant qu’être terrestre. Cet aspect de Babalon est décrit plus avant par le 12e Aethyr :
« Voici le Mystère de Babylon, la Mère des Abominations, et c’est le Mystère de son adultère, car elle s’est abandonnée à tous ce qui vit, et elle a obtenu le partage de son mystère. Et puisqu’elle s’est faite servante de tous, par conséquent est-elle devenue la maîtresse de tous ».
« Tu es belle, ô Babalon, et désirable, car tu t’es offerte à tout ce qui vit, et ta faiblesse a soumis leur force. Car dans cette union tu as compris. Par conséquent, tu es appelée Compréhension, ô Babylon, Dame de la Nuit ».
Le rôle de Femme Écarlate.
Bien que Crowley ait souvent écrit que Babalon et la Femme Écarlate sont une seule personne, il y a également des moments où la Femme Écarlate est perçue comme un représentant ou une manifestation physique du principe féminin universel. Dans une note du Liber Reguli, Crowley mentionne que des « Dieux de l’Éon », la Femme Écarlate et la Bête sont « les émissaires terrestres de ces Dieux ». Il écrit ensuite dans ses Commentaires :
« Il est nécessaire de dire que la Bête apparaît être un individu défini ; pour le perspicace, l’homme Aleister Crowley. Mais la Femme Écarlate est une officière remplaçable quand le besoin s’en fait ressentir. Ainsi, jusqu’à la date actuelle de cet écrit, Anno XVI, Sun in Sagittarius, il y a eu de nombreux dépositaires de ce titre ».
La Grande Mère.
Au sein de la Messe Gnostique, Babalon est mentionnée dans le Crédo Gnostique :
« Et je crois en une Terre Une, la Mère de tous, et en une Matrice où tous les hommes sont conçus, et où ils résideront tous, Mystère des Mystères, de Son Nom BABALON ».
Babalon est identifiée avec Binah sur l’Arbre de Vie, la sphère qui représente la Grande Mère et les déesses-mères Isis, Bhavani et Muat. En outre, elle représente toutes les mères physiques.
Babalon dans le Livre des Mensonges.
49 FLEURS DE WARATAH
Sept sont les voiles de la danseuse dans le harem de ÇA.
Sept sont les noms, et sept sont les lampes auprès de Son lit.
Sept eunuques La gardent, épées tirées ; Nul Homme pouvant s’approcher d’Elle.
En Sa coupe à vin sont sept fleuves, du sang des Sept Esprits de Dieu.
Sept sont les têtes de LA BÊTE qu’Elle chevauche.
La tête d’un Ange : la tête d’un Saint : la tête d’un Poète : la tête d’Une Femme Adultère : la tête d’un Homme de Valeur : la tête d’un Satyre : et la tête d’un Lion-Serpent.
Son nom le plus saint comporte sept lettres ; et il s’agit de
Babalon
Ceci est le Sceau sur l’Anneau à l’index de ÇA : et c’est le Sceau sur les Tombes de ceux qu’Elle a tués.
Là il y a Sagesse. Que Celui qui a de la Compréhension calcule le Nombre de Notre Dame ; car c’est le Nombre d’une Femme ; et Son Nombre est Cent Cinquante-Six.
Sur ce chapitre, Crowley fait le commentaire suivant :
« 49 est le carré de 7. 7 est le nombre passif et féminin. Le chapitre devrait être lu en relation avec le Chapitre 31, car ici ÇA réapparaît. Le titre du chapitre, la Waratah, est une voluptueuse fleur écarlate, commune en Australie, et ceci relie le chapitre aux Chapitres 28 et 29 ; mais ce n’est qu’une allusion, car le sujet du chapitre est NOTRE DAME BABALON, qui est conçue comme la contrepartie féminine de ÇA. Cela ne s’accorde pas très bien avec la théogonie commune ou orthodoxe du Chapitre 11 ; mais on doit l’expliquer par la nature dithyrambique du chapitre. Au paragraphe 3, NUL HOMME est bien entendu NEMO, le Maître du Temple. Le Liber 418 expliquera la plupart des allusions dans ce chapitre. Aux paragraphes 5 et 6, l’auteur s’identifie franchement à la BÊTE à laquelle on fait référence dans le livre, et dans l’Apocalypse, et dans le LIBER LEGIS. Au paragraphe 6, le mot « ange » pourrait renvoyer à sa mission, et le mot « lion-serpent » au sceau de son décan ascendant. (Teth = Serpent = spermatozoïde et le Lion dans le Zodiaque, qui comme Teth lui-même possède la forme d’un serpent. θ D’abord écrit = Lingam-Yoni et Soleil.) Le paragraphe 7 explique la difficulté théologique mentionnée plus haut. Il n’y a qu’un symbole, mais ce symbole possède de nombreux noms : de tous ces noms, BABALON est le plus saint. Il s’agit du nom auquel il est fait référence dans le Liber Legis, 1, 22. L’on remarquera que la figure, ou cachet, de BABALON est un sceau sur un anneau, et que cet anneau est à l’index de ÇA. Cela identifie davantage le symbole avec lui-même. L’on remarquera que ce sceau, mis à part l’absence de bordure, est le sceau officiel de l’A…A… Comparez avec le Chapitre 3. On dit également qu’il s’agit du sceau figurant sur les tombes de ceux qu’elle a tués, c’est-à-dire les Maîtres du Temple. En rapport avec le nombre 49, voir Liber 418, le 22e Ether, tout comme les sources habituelles ».
Livre des Mensonges – Aleister Crowley – Traduction par Philippe Pissier.
La Femme Écarlate et le Livre de la Loi.
Chapitre I :
15. Maintenant saurez-vous que le prêtre & apôtre élu de l’espace infini est le prince-prêtre la Bête ; et en sa femme appelée la Femme Écarlate est tout pouvoir donné. Ils rassembleront mes enfants en leur bercail : ils apporteront la gloire des étoiles dans le cœur des hommes.
16. Car il est à jamais un soleil, et elle une lune. Mais à lui est la secrète flamme ailée, et à elle la voûte de lumière stellaire.
Chapitre III :
43. Que la Femme Écarlate prenne garde ! Si la pitié, la compassion et la tendresse visitent son cœur ; Si elle délaisse mon oeuvre pour jouer avec de vieilles douceurs ; alors, ma vengeance sera connue. Je me tuerai son enfant : j’aliénerai son cœur : je la chasserai loin des hommes : telle une prostituée craintive et méprisée elle rampera dans les rues humides du crépuscule, et mourra gelée et affamée.
44. Mais qu’elle se dresse avec fierté ! Qu’elle me suive dans ma voie ! Que son oeuvre soit l’œuvre de la méchanceté ! Qu’elle tue son cœur ! Qu’elle soit bruyante et adultère ! Qu’elle soit couverte de joyaux, et d’habits luxueux, et qu’elle soit sans honte devant tous les hommes !
45. Alors je la hisserai aux pinacles du pouvoir : alors j’engendrerai d’elle un enfant plus puissant que tous les rois de la terre. Je la comblerai de joie : avec ma force elle verra & frappera l’adoration de Nu : elle atteindra Hadit.
Le Livre de la Loi – traduction éditions des Gouttelettes de Rosée.
Babalon dans les autres écrits de Crowley.
« Aux heures noires de la terre, lorsque la superstition chrétienne s’est abattue si malignement si les peuples de l’Europe, lorsque notre Saint Ordre fut dispersé & la sainteté de ses préceptes violés, certains conservèrent la Vérité en leur coeur, &, amants de la Lumière, ils portèrent la Lampe de la Vertu sous le Manteau du Secret. & ceux-ci, à certaines saisons, allaient de nuit par voies ouvertes ou cachées dans les bruyères & les montagnes, & là ils dansaient ensemble, & par d’étranges dîners & sorts divers, ils L’appelaient, celui que l’ennemi appelait dans l’ignorance Satan, & qui était en vérité le Grand Dieu Pan ou Bacchus, ou même Baphomet que les Templiers adorèrent en secret, & comme l’adorent les Illustres Chevaliers du VI°, du Saint Ordre Kadosh, comme apprennent à l’adorer toutes les Dames Compagnes du Saint Graal, ou Babalon la Belle, ou même le Zeus Apollon des Grecs.
Et chacun & chacune, lorsqu’il fut introduit dans ce sanctuaire, fut fait compagnon de l’Incarné par la Consommation du rite du Mariage. Considérez cela ». (De Nuptiis Secretis, V DU SABBATH DES ADEPTES, Aleister Crowley)
Dans les emblèmes de l’OTO, Babalon est associée à l’oeuf : « L’Oeuf est posé par « l’Aigle Blanc » (femme) et on lui attribue le nombre 156 ; il est ainsi la manifestation de Babalon. Le Véhicule de l’Oeuf est le Fluide Vaginal ; ainsi, il n’est pas l’Ovum. Mais il est plutôt la puissance magicke de la femme. Il est fertilisé par le Serpent qui est congénital de la nature de l’Oeuf. L’homme doit aussi être en phase avec la femme, un lien magicke doit être développé entre eux ».
Chaque acte de souffrance, de sacrifice, chaque acte de vie qui coule dans l’homme comme le flot de sang qui irrigue chaque partie de l’être, devient un fardeau pour l’Adepte. Il déverse alors tout dans la coupe de BABALON, la Femme Écarlate, ce qu’il a acquis et ce qu’il est devenu. Dans son Liber Cheth vel Vallum Abiegni, nous pouvons lire :
« Tu verseras ton sang, qui est ta vie, dans la coupe dorée de la fornication. Tu mêleras ta vie à la vie universelle. Tu n’en conserveras pas une goutte. Alors, ton cerveau sera muet, et ton cœur cessera de battre, et toute vie s’échappera de toi… »
Origines bibliques.
Principalement, la forme divine de Babalon semble dériver d’un passage de l’Apocalypse, une source de grande inspiration pour la cosmologie de Crowley. Dans l’Apocalypse, nous trouvons ce passage :
3 Il me transporta alors en esprit dans un désert. Je vis une femme assise sur une bête au pelage écarlate. Cette bête était couverte de titres offensants pour Dieu, elle avait sept têtes et dix cornes. 4 La femme était vêtue d’habits de pourpre et d’écarlate, et parée de bijoux d’or, de pierres précieuses et de perles. Elle tenait à la main une coupe d’or pleine de choses abominables et d’obscénités dues à sa prostitution. 5 Sur son front, elle portait gravé un nom mystérieux signifiant : « La grande Babylone, la mère des prostituées et des abominations de la terre. » 6 Je vis qu’elle était ivre du sang de ceux qui appartiennent à Dieu et de ceux qui ont rendu témoignage à Jésus. À sa vue, je fus profondément bouleversé. Apocalypse 17:3-6 (traduction Semeur).
Le nom de Babalon peut dériver de plusieurs sources. Tout d’abord, il y a une ressemblance évidente avec Babylone. Babylone était une grande cité de la Mésopotamie, source de la culture sumérienne. La divinité Ishtar offre une ressemblance assez troublante avec la Babalon de Crowley. Babylone elle-même est une ville souvent citée dans la Bible, habituellement en tant qu’image du paradis tombé en ruine, un avertissement contre la malédiction de la décadence :
1 Après cela, je vis un autre ange descendre du ciel. Il détenait un grand pouvoir, et toute la terre fut illuminée du rayonnement de sa gloire. 2 Il cria d’une voix forte : Elle est tombée, elle est tombée,la grande Babylone. Et elle est devenue un antre de démons,repaire de tous les esprits impurs,repaire de tous les oiseaux impurs, et détestables. 3 Car toutes les nations ont bu le vin de sa prostitution furieuse. Les rois de la terre, avec elle,se sont livrés à la débauche,et les commerçants de la terre ont fait fortune grâce à son luxe démesuré. Troisième parole : le châtiment de Babylone 4 Puis j’entendis encore une autre voix venant du ciel qui disait :- Sortez du milieu d’elle, membres de mon peuple, afin de ne pas participer à ses péchés et de ne pas être frappés avec elle des fléaux qui vont l’atteindre. 5 Car ses péchés se sont amoncelés jusqu’au ciel, et Dieu s’est souvenu de toutes ses actions injustes. – Apocalypse 18:1-5 (traduction Semeur).
Une autre possibilité est dérivée du mot énochien BABALOND, qui est traduit par « prostituée ». C’est sans doute l’explication la plus probable puisque la « Vision et la Voix » fut obtenue par Crowley au travers d’un voyage astral suivant le système magick énochien.
Crowley a probablement choisi l’orthographe Babalon pour sa signification kabbalistique. En remplaçant la lettre « y » de Babylone par un « a », le mot « AL » apparaît au centre du mot. L’ensemble se décompose alors comme suit : Bal-al-on. Bab est le mot arabe pour « porte » ; « AL » est la Clé du Liber Legis, et aussi le nom kabbalistique de Dieu ; « ON » est le nom de la cité égyptienne que les grecs appelaient Héliopolis, la Cité des Pyramides. Par la guématria, Babalon, באבאלען, équivaut à 156 qui est le nombre de carrés de chaque tablette des éléments du système énochien de Dee et de Kelly. Ces tablettes sont elles-mêmes identifiées avec la Cité des Pyramides, chaque carré étant la base d’une pyramide.
Jack Parsons et le Liber 49.
Ce livre contient l’expérimentation magicke de l’invocation d’un Être Elemental, la Déesse Babalon, et les résultats qui en découlent, telle qu’effectuée par Jack Parsons, Frater 210, de l’Ordo Templi Orientis.
Voici ce que Parsons écrivait à son sujet en mars 1946 e.v. : « Cette force [celle d’Horus] est totalement aveugle, dépendante des hommes et des femmes en qui elle se manifeste et qu’elle guide. Il est évident que cette guidance tend vers la catastrophe. Cette tendance est due principalement à notre manque de compréhension de notre propre nature. Le désir réprimé, les peurs, la haine résultants du faussement de l’amour ont pris une direction homicide et suicidaire. Cette impasse est brisée par l’incarnation d’une autre force, nommée Babalon. La nature de cette force se rattache à l’amour, à la compréhension et à la liberté dionysiaque et elle est le contre poids nécessaire à la manifestation d’Horus ».
« L’on doit se souvenir que toute activité humaine, après que les fonctions vitales soient remplies, naît du besoin d’amour ou du besoin d’être aimé. Il est par conséquent assez vrai que dans la compréhension tout pouvoir est octroyé. Une compréhension du principe de la bipolarité devrait rendre cela assez clair. »
À Kazim : « Abyssus abyssum invocat »
Babalon. Traduction & adaptation par Spartakus FreeMann, décembre 2007 e.v., Nadir de Libertalia. Extrait de « Notes pour la compréhension du futur antérieur » de Spartakus FreeMann ☉ in 22° ♐ : ☽ in 18° ♒ : Anno IVxv a.n.
Par Spartakus FreeMann
Babalon, dans le système de la Magick de Crowley, est dépeinte comme la Femme Écarlate, la Grande Mère & Mère des Abominations. Sa forme divine est celle de la prostituée sacrée & son symbole principal est celui du Calice du Graal. Son consort est la Chaos, le « Père de la Vie », forme masculine du Principe Créateur. Babalon est souvent décrite comme une femme portant une épée et chevauchant la Bête à laquelle s’est personnellement identifié Aleister Crowley. Dans un sens plus général, Babalon représente la femme libérée et l’expression de la pulsion sexuelle.
Babalon, la Porte de la Cité des Pyramides.
Dans le système de la Magick, l’adepte atteint l’étape finale lorsqu’il ou elle doit traverser les Abysses, ce lieu sauvage du néant et de la dissolution. Choronzon (voir notre étude sur Choronzon) réside en ce lieu et son rôle est de piéger celui qui voyage dans ce monde d’illusions. Cependant, Babalon est juste de l’autre côté faisant signe à l’adepte. Si l’adepte se donne à Elle – le symbole de cet acte est le versement du sang de l’adepte dans son Graal – il s’imprègne alors d’Elle afin de renaître sous la forme d’un maître et d’un saint qui réside dans la Cité des Pyramides. Ce processus est magnifiquement décrit dans le 15e Aethyr de la « Vision et la Voix ».
Le concept contenu dans l’image de Babalon est celui d’un idéal mystique, la quête afin de devenir un avec le tout. Ce processus requiert nécessairement le refus de nier quoi que ce soit, de devenir parfaitement passif au monde, de permettre à toutes les expériences d’advenir, de s’abandonner soi-même dans un déluge de sensations. Au travers de cela, le mystique arrive à un contact direct avec la vie, formulant ainsi le vin du Graal, étant la compréhension distillée qui est dérivée de l’expérience brute. Ce processus a son analogie dans l’œuvre de la Dame de la Nuit.
Babalon est décrite dans divers textes thélémites, mais son aspect le plus édifiant se situe dans la « Vision et la Voix » dans le passage qui explique la fonction du Calice :
« Qu’il regarde la coupe où le sang est mêlé, car le vin de la coupe est le sang des saints. Gloire à la Femme Écarlate, Babalon la Mère des Abomination qui chevauche la Bête, car elle a projeté leur sang aux quatre coins de la terre et vois ! elle l’a mélangé dans la coupe de prostitution ».
« Avec le souffle de ses baisers, elle l’a fait fermenter, et il est devenu le vin du Sacrement, le vin du Sabbath ; et au sein de la Sainte Assemblée elle l’a versé pour ses adorateurs, et ils en sont devenus ivres, pour qu’ainsi, face à face ils regardent mon Père. Ainsi, sont-ils rendus dignes de partager le Mystère de son saint vase, car le sang est la vie ».
« (Ce vin est tel que sa vertu irradie au travers de la coupe, et je titube sous son l’ivresse. Et chaque pensée est détruite par lui. Il demeure seul, et son nom est Compassion. Je comprends par « Compassion » le sacrement de la souffrance, partagée par les véritables adeptes du Plus Haut. Et c’est l’extase dans laquelle il n’y a nulle trace de douleur. Sa passivité (=sa passion) est comme l’abandon de soi au bien-aimé) ».
La Vision et la Voix, 12e Aethyr, Aleister Crowley.
L’orthographe de son Nom sous la forme de « Babalon » ne fut révélée que dans la vision du 10e Aethyr où ce nom est utilisé afin de bannir les forces de Choronzon. La découverte de la forme du Nom représente le succès de la traversée des Abysses par Crowley et de son entrée dans la Sphère de Binah qui est attribuée à Babalon.
La Cité des Pyramides est le domicile mystique des adeptes qui ont réussi à traverser le Grand Abysse, ceux qui ont versé leur sang dans le Graal de Babalon. Ils ont détruit leut ego afin de ne plus être que grains de poussière. Ils sont devenus des Enfants au sein de Babalon et là, ils ont pour nom Saint ou Nemo. Dans le système de l’AA, ils sont appelés « Maîtres du Temple ».
La Grande Prostituée.
Babalon porte ce titre, car elle ne refuse personne et cependant elle demande un grand prix – le sang de l’adepte et son identité ego en tant qu’être terrestre. Cet aspect de Babalon est décrit plus avant par le 12e Aethyr :
« Voici le Mystère de Babylon, la Mère des Abominations, et c’est le Mystère de son adultère, car elle s’est abandonnée à tous ce qui vit, et elle a obtenu le partage de son mystère. Et puisqu’elle s’est faite servante de tous, par conséquent est-elle devenue la maîtresse de tous ».
« Tu es belle, ô Babalon, et désirable, car tu t’es offerte à tout ce qui vit, et ta faiblesse a soumis leur force. Car dans cette union tu as compris. Par conséquent, tu es appelée Compréhension, ô Babylon, Dame de la Nuit ».
Le rôle de Femme Écarlate.
Bien que Crowley ait souvent écrit que Babalon et la Femme Écarlate sont une seule personne, il y a également des moments où la Femme Écarlate est perçue comme un représentant ou une manifestation physique du principe féminin universel. Dans une note du Liber Reguli, Crowley mentionne que des « Dieux de l’Éon », la Femme Écarlate et la Bête sont « les émissaires terrestres de ces Dieux ». Il écrit ensuite dans ses Commentaires :
« Il est nécessaire de dire que la Bête apparaît être un individu défini ; pour le perspicace, l’homme Aleister Crowley. Mais la Femme Écarlate est une officière remplaçable quand le besoin s’en fait ressentir. Ainsi, jusqu’à la date actuelle de cet écrit, Anno XVI, Sun in Sagittarius, il y a eu de nombreux dépositaires de ce titre ».
La Grande Mère.
Au sein de la Messe Gnostique, Babalon est mentionnée dans le Crédo Gnostique :
« Et je crois en une Terre Une, la Mère de tous, et en une Matrice où tous les hommes sont conçus, et où ils résideront tous, Mystère des Mystères, de Son Nom BABALON ».
Babalon est identifiée avec Binah sur l’Arbre de Vie, la sphère qui représente la Grande Mère et les déesses-mères Isis, Bhavani et Muat. En outre, elle représente toutes les mères physiques.
Babalon dans le Livre des Mensonges.
49 FLEURS DE WARATAH
Sept sont les voiles de la danseuse dans le harem de ÇA.
Sept sont les noms, et sept sont les lampes auprès de Son lit.
Sept eunuques La gardent, épées tirées ; Nul Homme pouvant s’approcher d’Elle.
En Sa coupe à vin sont sept fleuves, du sang des Sept Esprits de Dieu.
Sept sont les têtes de LA BÊTE qu’Elle chevauche.
La tête d’un Ange : la tête d’un Saint : la tête d’un Poète : la tête d’Une Femme Adultère : la tête d’un Homme de Valeur : la tête d’un Satyre : et la tête d’un Lion-Serpent.
Son nom le plus saint comporte sept lettres ; et il s’agit de
Babalon
Ceci est le Sceau sur l’Anneau à l’index de ÇA : et c’est le Sceau sur les Tombes de ceux qu’Elle a tués.
Là il y a Sagesse. Que Celui qui a de la Compréhension calcule le Nombre de Notre Dame ; car c’est le Nombre d’une Femme ; et Son Nombre est Cent Cinquante-Six.
Sur ce chapitre, Crowley fait le commentaire suivant :
« 49 est le carré de 7. 7 est le nombre passif et féminin. Le chapitre devrait être lu en relation avec le Chapitre 31, car ici ÇA réapparaît. Le titre du chapitre, la Waratah, est une voluptueuse fleur écarlate, commune en Australie, et ceci relie le chapitre aux Chapitres 28 et 29 ; mais ce n’est qu’une allusion, car le sujet du chapitre est NOTRE DAME BABALON, qui est conçue comme la contrepartie féminine de ÇA. Cela ne s’accorde pas très bien avec la théogonie commune ou orthodoxe du Chapitre 11 ; mais on doit l’expliquer par la nature dithyrambique du chapitre. Au paragraphe 3, NUL HOMME est bien entendu NEMO, le Maître du Temple. Le Liber 418 expliquera la plupart des allusions dans ce chapitre. Aux paragraphes 5 et 6, l’auteur s’identifie franchement à la BÊTE à laquelle on fait référence dans le livre, et dans l’Apocalypse, et dans le LIBER LEGIS. Au paragraphe 6, le mot « ange » pourrait renvoyer à sa mission, et le mot « lion-serpent » au sceau de son décan ascendant. (Teth = Serpent = spermatozoïde et le Lion dans le Zodiaque, qui comme Teth lui-même possède la forme d’un serpent. θ D’abord écrit = Lingam-Yoni et Soleil.) Le paragraphe 7 explique la difficulté théologique mentionnée plus haut. Il n’y a qu’un symbole, mais ce symbole possède de nombreux noms : de tous ces noms, BABALON est le plus saint. Il s’agit du nom auquel il est fait référence dans le Liber Legis, 1, 22. L’on remarquera que la figure, ou cachet, de BABALON est un sceau sur un anneau, et que cet anneau est à l’index de ÇA. Cela identifie davantage le symbole avec lui-même. L’on remarquera que ce sceau, mis à part l’absence de bordure, est le sceau officiel de l’A…A… Comparez avec le Chapitre 3. On dit également qu’il s’agit du sceau figurant sur les tombes de ceux qu’elle a tués, c’est-à-dire les Maîtres du Temple. En rapport avec le nombre 49, voir Liber 418, le 22e Ether, tout comme les sources habituelles ».
Livre des Mensonges – Aleister Crowley – Traduction par Philippe Pissier.
La Femme Écarlate et le Livre de la Loi.
Chapitre I :
15. Maintenant saurez-vous que le prêtre & apôtre élu de l’espace infini est le prince-prêtre la Bête ; et en sa femme appelée la Femme Écarlate est tout pouvoir donné. Ils rassembleront mes enfants en leur bercail : ils apporteront la gloire des étoiles dans le cœur des hommes.
16. Car il est à jamais un soleil, et elle une lune. Mais à lui est la secrète flamme ailée, et à elle la voûte de lumière stellaire.
Chapitre III :
43. Que la Femme Écarlate prenne garde ! Si la pitié, la compassion et la tendresse visitent son cœur ; Si elle délaisse mon oeuvre pour jouer avec de vieilles douceurs ; alors, ma vengeance sera connue. Je me tuerai son enfant : j’aliénerai son cœur : je la chasserai loin des hommes : telle une prostituée craintive et méprisée elle rampera dans les rues humides du crépuscule, et mourra gelée et affamée.
44. Mais qu’elle se dresse avec fierté ! Qu’elle me suive dans ma voie ! Que son oeuvre soit l’œuvre de la méchanceté ! Qu’elle tue son cœur ! Qu’elle soit bruyante et adultère ! Qu’elle soit couverte de joyaux, et d’habits luxueux, et qu’elle soit sans honte devant tous les hommes !
45. Alors je la hisserai aux pinacles du pouvoir : alors j’engendrerai d’elle un enfant plus puissant que tous les rois de la terre. Je la comblerai de joie : avec ma force elle verra & frappera l’adoration de Nu : elle atteindra Hadit.
Le Livre de la Loi – traduction éditions des Gouttelettes de Rosée.
Babalon dans les autres écrits de Crowley.
« Aux heures noires de la terre, lorsque la superstition chrétienne s’est abattue si malignement si les peuples de l’Europe, lorsque notre Saint Ordre fut dispersé & la sainteté de ses préceptes violés, certains conservèrent la Vérité en leur coeur, &, amants de la Lumière, ils portèrent la Lampe de la Vertu sous le Manteau du Secret. & ceux-ci, à certaines saisons, allaient de nuit par voies ouvertes ou cachées dans les bruyères & les montagnes, & là ils dansaient ensemble, & par d’étranges dîners & sorts divers, ils L’appelaient, celui que l’ennemi appelait dans l’ignorance Satan, & qui était en vérité le Grand Dieu Pan ou Bacchus, ou même Baphomet que les Templiers adorèrent en secret, & comme l’adorent les Illustres Chevaliers du VI°, du Saint Ordre Kadosh, comme apprennent à l’adorer toutes les Dames Compagnes du Saint Graal, ou Babalon la Belle, ou même le Zeus Apollon des Grecs.
Et chacun & chacune, lorsqu’il fut introduit dans ce sanctuaire, fut fait compagnon de l’Incarné par la Consommation du rite du Mariage. Considérez cela ». (De Nuptiis Secretis, V DU SABBATH DES ADEPTES, Aleister Crowley)
Dans les emblèmes de l’OTO, Babalon est associée à l’oeuf : « L’Oeuf est posé par « l’Aigle Blanc » (femme) et on lui attribue le nombre 156 ; il est ainsi la manifestation de Babalon. Le Véhicule de l’Oeuf est le Fluide Vaginal ; ainsi, il n’est pas l’Ovum. Mais il est plutôt la puissance magicke de la femme. Il est fertilisé par le Serpent qui est congénital de la nature de l’Oeuf. L’homme doit aussi être en phase avec la femme, un lien magicke doit être développé entre eux ».
Chaque acte de souffrance, de sacrifice, chaque acte de vie qui coule dans l’homme comme le flot de sang qui irrigue chaque partie de l’être, devient un fardeau pour l’Adepte. Il déverse alors tout dans la coupe de BABALON, la Femme Écarlate, ce qu’il a acquis et ce qu’il est devenu. Dans son Liber Cheth vel Vallum Abiegni, nous pouvons lire :
« Tu verseras ton sang, qui est ta vie, dans la coupe dorée de la fornication. Tu mêleras ta vie à la vie universelle. Tu n’en conserveras pas une goutte. Alors, ton cerveau sera muet, et ton cœur cessera de battre, et toute vie s’échappera de toi… »
Origines bibliques.
Principalement, la forme divine de Babalon semble dériver d’un passage de l’Apocalypse, une source de grande inspiration pour la cosmologie de Crowley. Dans l’Apocalypse, nous trouvons ce passage :
3 Il me transporta alors en esprit dans un désert. Je vis une femme assise sur une bête au pelage écarlate. Cette bête était couverte de titres offensants pour Dieu, elle avait sept têtes et dix cornes. 4 La femme était vêtue d’habits de pourpre et d’écarlate, et parée de bijoux d’or, de pierres précieuses et de perles. Elle tenait à la main une coupe d’or pleine de choses abominables et d’obscénités dues à sa prostitution. 5 Sur son front, elle portait gravé un nom mystérieux signifiant : « La grande Babylone, la mère des prostituées et des abominations de la terre. » 6 Je vis qu’elle était ivre du sang de ceux qui appartiennent à Dieu et de ceux qui ont rendu témoignage à Jésus. À sa vue, je fus profondément bouleversé. Apocalypse 17:3-6 (traduction Semeur).
Étymologie.
Le nom de Babalon peut dériver de plusieurs sources. Tout d’abord, il y a une ressemblance évidente avec Babylone. Babylone était une grande cité de la Mésopotamie, source de la culture sumérienne. La divinité Ishtar offre une ressemblance assez troublante avec la Babalon de Crowley. Babylone elle-même est une ville souvent citée dans la Bible, habituellement en tant qu’image du paradis tombé en ruine, un avertissement contre la malédiction de la décadence :
1 Après cela, je vis un autre ange descendre du ciel. Il détenait un grand pouvoir, et toute la terre fut illuminée du rayonnement de sa gloire. 2 Il cria d’une voix forte : Elle est tombée, elle est tombée,la grande Babylone. Et elle est devenue un antre de démons,repaire de tous les esprits impurs,repaire de tous les oiseaux impurs, et détestables. 3 Car toutes les nations ont bu le vin de sa prostitution furieuse. Les rois de la terre, avec elle,se sont livrés à la débauche,et les commerçants de la terre ont fait fortune grâce à son luxe démesuré. Troisième parole : le châtiment de Babylone 4 Puis j’entendis encore une autre voix venant du ciel qui disait :- Sortez du milieu d’elle, membres de mon peuple, afin de ne pas participer à ses péchés et de ne pas être frappés avec elle des fléaux qui vont l’atteindre. 5 Car ses péchés se sont amoncelés jusqu’au ciel, et Dieu s’est souvenu de toutes ses actions injustes. – Apocalypse 18:1-5 (traduction Semeur).
Une autre possibilité est dérivée du mot énochien BABALOND, qui est traduit par « prostituée ». C’est sans doute l’explication la plus probable puisque la « Vision et la Voix » fut obtenue par Crowley au travers d’un voyage astral suivant le système magick énochien.
Crowley a probablement choisi l’orthographe Babalon pour sa signification kabbalistique. En remplaçant la lettre « y » de Babylone par un « a », le mot « AL » apparaît au centre du mot. L’ensemble se décompose alors comme suit : Bal-al-on. Bab est le mot arabe pour « porte » ; « AL » est la Clé du Liber Legis, et aussi le nom kabbalistique de Dieu ; « ON » est le nom de la cité égyptienne que les grecs appelaient Héliopolis, la Cité des Pyramides. Par la guématria, Babalon, באבאלען, équivaut à 156 qui est le nombre de carrés de chaque tablette des éléments du système énochien de Dee et de Kelly. Ces tablettes sont elles-mêmes identifiées avec la Cité des Pyramides, chaque carré étant la base d’une pyramide.
Jack Parsons et le Liber 49.
Ce livre contient l’expérimentation magicke de l’invocation d’un Être Elemental, la Déesse Babalon, et les résultats qui en découlent, telle qu’effectuée par Jack Parsons, Frater 210, de l’Ordo Templi Orientis.
Voici ce que Parsons écrivait à son sujet en mars 1946 e.v. : « Cette force [celle d’Horus] est totalement aveugle, dépendante des hommes et des femmes en qui elle se manifeste et qu’elle guide. Il est évident que cette guidance tend vers la catastrophe. Cette tendance est due principalement à notre manque de compréhension de notre propre nature. Le désir réprimé, les peurs, la haine résultants du faussement de l’amour ont pris une direction homicide et suicidaire. Cette impasse est brisée par l’incarnation d’une autre force, nommée Babalon. La nature de cette force se rattache à l’amour, à la compréhension et à la liberté dionysiaque et elle est le contre poids nécessaire à la manifestation d’Horus ».
« L’on doit se souvenir que toute activité humaine, après que les fonctions vitales soient remplies, naît du besoin d’amour ou du besoin d’être aimé. Il est par conséquent assez vrai que dans la compréhension tout pouvoir est octroyé. Une compréhension du principe de la bipolarité devrait rendre cela assez clair. »
À Kazim : « Abyssus abyssum invocat »
Sources : Thelemapedia