Dans nos sociétés modernes, la majorité des gens ne saurait tolérer la pensée religieuse. Ce qui n’est guère surprenant. La plupart des groupes religieux et politiques des deux derniers siècles s’est appliquée à souligner, entre autres choses, la supériorité de leurs dirigeants et l’infériorité des individus lambda. À présent, l’absurdité de cette réflexion est devenue transparente pour le public, suscitant une résistance générale aux différentes formes de dogme.
Aujourd’hui, s’il demeure quelques groupes et cultes s’entêtant à répéter les vieux schémas d’adulation des dirigeants et de renoncement des adeptes à la maîtrise de leur propre vie, ceux-ci sont désormais en minorité. Globalement, les gens ont perdu la foi dans l’enseignement spirituel, et rien n’est venu remplacer les anciennes structures. Si nous voulons être en mesure de suggérer ne serait-ce que des lignes directrices dans ce domaine, nous devons éviter tout dogme et le faire d’une façon que le public pourra comprendre.
Le plaisir n’est plus quelque chose que les gens recherchent activement par eux-mêmes ; le plaisir est devenu un produit médié par les diverses formes de simulation proposées par les médias, ce qui génère une première et frustrante situation paradoxale : les modes d’expression, par nature actifs, sont devenus des passe-temps passifs ; et voilà le résultat : l’expression est devenue dépression.
Le public est constamment stimulé au moyen d’annonces publicitaires et d’autres formes de propagande, séduit par de subtiles manœuvres subliminales. Or, de la nature unilatérale de cette dynamique ne peut découler que de la frustration. Quand la pulsion de plaisir est inhibée, il en résulte naturellement que ce plaisir se transforme en déplaisir. Lorsqu’en dépit d’excitations intenses et continuelles, une personne n’est pas en mesure d’éprouver en bout de course de la satisfaction, une peur finit par se développer, portant non seulement sur la satisfaction elle-même, mais également sur l’excitation qui la précède. Ce qui a finalement pour effet un divorce entre l’individu et ses véritables sentiments et instincts.
La manipulation et l’utilisation des pulsions sexuelles par des médias tels que la télévision ou le cinéma ont insufflé à une partie des spectateurs une sorte de fétichisme inconscient de lui-même : ceux-là investissent sans le savoir de l’énergie sexuelle dans des images et des objets et se trouvent donc incapables de récupérer cette énergie pour l’utiliser – par exemple pour des usages magiques. Un acte par nature essentiellement magique est devenu vampirique et unilatéral. Ce processus engendre une foule de spectateurs « scopophiles » qui obtiennent de la satisfaction sexuelle par le biais du voyeurisme, l’illusion d’être actif étant obtenue en transformant une autre personne en objet soumis au contrôle du regard.
La scopophilie est par définition une composante de l’instinct sexuel qui existe indépendamment des zones érogènes. Se faire plaisir de cette façon, et les gens de nos jours semblent n’avoir guère d’autre choix, peut à long terme déboucher sur l’acceptation d’une séparation entre l’esprit et le corps ; la sexualité se voit alors déviée de son cours naturel et cette vision fragmentée du monde empêchant les individus de tirer leurs propres conclusions et de chercher des solutions actives aux problèmes, se trouve renforcée.
Depuis plus de trente ans, la télévision est le plus efficace moyen de contrôle des attitudes individuelles. Même si cela n’était pas intentionnel, ce qui semble peu probable, la vision du monde telle que promulguée par les auteurs, les producteurs et censeurs de la télévision est devenue la « norme » acceptée à laquelle le spectateur se compare inévitablement. Bien entendu, le monde tel que mis en scène à la télé n’a que fort peu de ressemblance avec la réalité, ce qui a pour conséquence que le spectateur ressent non seulement un sentiment d’échec, mais également d’ennui lorsqu’il compare son existence avec le « monde parfait » de l’écran. Même dans le cas d’actualités ou de reportages, ceux dont les intérêts contrôlent et façonnent l’image admettent que le public n’est jamais confronté à la vérité nue.
Nous n’avons nul désir d’imiter la perfection lisse et la qualité technique stérilisée de la télévision professionnelle – une mise au point parfaite ne signifie pas un contenu parfait. Nous laissons venir les images qu’elles soient précises ou floues et tout ce qui provient d’une perspective psychick subliminale. C’est seulement en agissant de cette façon que l’on peut espérer montrer la vie telle qu’elle est réellement. Tous les médias conçus par l’homme ont exhibé ses limites, ses conflits intérieurs, ses peurs intimes, et pourtant tous ces médias, y compris la télévision ne sont que le produit de décisions humaines.
Le T.O.P.Y. sera activiste, une profession de foi positive dans les capacités de l’homme. Pour inciter les choses cachées dans le noir à se montrer, afin de les saisir et les jeter au loin.
Il n’est pas dans notre intention de nous substituer aux programmes classiques, mais de jalonner une première étape vers la déprogrammation, sans égard pour les préoccupations des médias commerciaux qui se gargarisent d’hypothèses sur le divertissement et sa valeur. Nous acceptons et exploitons l’idée que la télévision est utilisée par notre génération, comme matériau brut destiné à être employé et manipulé par le spectateur. Assez dense pour continuer à être intéressant, mais sans chute attendue ni clichés condamnés à devenir ennuyeux.
Les transmissions que nous élaborons aujourd’hui sont destinées à être visionnées durant la nuit, entre minuit et six heures du matin ; nous ne donnerons aucune indication préalable sur leur contenu (rares sont les personnes averties à l’avance des moments importants de leur existence), mais elles seront toujours un reflet de la réalité du monde. Si, parfois, notre travail semble insister sur des aspects généralement censurés de l’existence, considérés comme subversifs, sujets à débat, dérangeants ou trop sexuels, c’est parce que la répression est une tentative délibérée pour limiter la connaissance des individus. Notre conviction est que la vérité nue et que des informations sur tout et n’importe quoi doivent être mis à la disposition de toutes les manières possibles, pour autant que l’histoire humaine soit destinée à survivre, à progresser ou recèle un sens quelconque.
Psychick Television, Genesis P-Orridge. Extrait de Thee Grey Book, an introduction into Thee Temple ov Psychick Youth (TOPY). Première édition : Londres, 1982. Thee Grey Book est restée une publication anonyme jusqu’à la sortie de Thee Psychick Bible où sont cités les différents auteurs : Genesis P-Orridge, Jean Pierre Turmel, Kim Klinzer Norris & Simon Dwyer.
Par Genesis P. Orridge
Dans nos sociétés modernes, la majorité des gens ne saurait tolérer la pensée religieuse. Ce qui n’est guère surprenant. La plupart des groupes religieux et politiques des deux derniers siècles s’est appliquée à souligner, entre autres choses, la supériorité de leurs dirigeants et l’infériorité des individus lambda. À présent, l’absurdité de cette réflexion est devenue transparente pour le public, suscitant une résistance générale aux différentes formes de dogme.
Aujourd’hui, s’il demeure quelques groupes et cultes s’entêtant à répéter les vieux schémas d’adulation des dirigeants et de renoncement des adeptes à la maîtrise de leur propre vie, ceux-ci sont désormais en minorité. Globalement, les gens ont perdu la foi dans l’enseignement spirituel, et rien n’est venu remplacer les anciennes structures. Si nous voulons être en mesure de suggérer ne serait-ce que des lignes directrices dans ce domaine, nous devons éviter tout dogme et le faire d’une façon que le public pourra comprendre.
Le plaisir n’est plus quelque chose que les gens recherchent activement par eux-mêmes ; le plaisir est devenu un produit médié par les diverses formes de simulation proposées par les médias, ce qui génère une première et frustrante situation paradoxale : les modes d’expression, par nature actifs, sont devenus des passe-temps passifs ; et voilà le résultat : l’expression est devenue dépression.
Le public est constamment stimulé au moyen d’annonces publicitaires et d’autres formes de propagande, séduit par de subtiles manœuvres subliminales. Or, de la nature unilatérale de cette dynamique ne peut découler que de la frustration. Quand la pulsion de plaisir est inhibée, il en résulte naturellement que ce plaisir se transforme en déplaisir. Lorsqu’en dépit d’excitations intenses et continuelles, une personne n’est pas en mesure d’éprouver en bout de course de la satisfaction, une peur finit par se développer, portant non seulement sur la satisfaction elle-même, mais également sur l’excitation qui la précède. Ce qui a finalement pour effet un divorce entre l’individu et ses véritables sentiments et instincts.
La manipulation et l’utilisation des pulsions sexuelles par des médias tels que la télévision ou le cinéma ont insufflé à une partie des spectateurs une sorte de fétichisme inconscient de lui-même : ceux-là investissent sans le savoir de l’énergie sexuelle dans des images et des objets et se trouvent donc incapables de récupérer cette énergie pour l’utiliser – par exemple pour des usages magiques. Un acte par nature essentiellement magique est devenu vampirique et unilatéral. Ce processus engendre une foule de spectateurs « scopophiles » qui obtiennent de la satisfaction sexuelle par le biais du voyeurisme, l’illusion d’être actif étant obtenue en transformant une autre personne en objet soumis au contrôle du regard.
La scopophilie est par définition une composante de l’instinct sexuel qui existe indépendamment des zones érogènes. Se faire plaisir de cette façon, et les gens de nos jours semblent n’avoir guère d’autre choix, peut à long terme déboucher sur l’acceptation d’une séparation entre l’esprit et le corps ; la sexualité se voit alors déviée de son cours naturel et cette vision fragmentée du monde empêchant les individus de tirer leurs propres conclusions et de chercher des solutions actives aux problèmes, se trouve renforcée.
Depuis plus de trente ans, la télévision est le plus efficace moyen de contrôle des attitudes individuelles. Même si cela n’était pas intentionnel, ce qui semble peu probable, la vision du monde telle que promulguée par les auteurs, les producteurs et censeurs de la télévision est devenue la « norme » acceptée à laquelle le spectateur se compare inévitablement. Bien entendu, le monde tel que mis en scène à la télé n’a que fort peu de ressemblance avec la réalité, ce qui a pour conséquence que le spectateur ressent non seulement un sentiment d’échec, mais également d’ennui lorsqu’il compare son existence avec le « monde parfait » de l’écran. Même dans le cas d’actualités ou de reportages, ceux dont les intérêts contrôlent et façonnent l’image admettent que le public n’est jamais confronté à la vérité nue.
Notre intention est de renverser cette tendance.
Nous n’avons nul désir d’imiter la perfection lisse et la qualité technique stérilisée de la télévision professionnelle – une mise au point parfaite ne signifie pas un contenu parfait. Nous laissons venir les images qu’elles soient précises ou floues et tout ce qui provient d’une perspective psychick subliminale. C’est seulement en agissant de cette façon que l’on peut espérer montrer la vie telle qu’elle est réellement. Tous les médias conçus par l’homme ont exhibé ses limites, ses conflits intérieurs, ses peurs intimes, et pourtant tous ces médias, y compris la télévision ne sont que le produit de décisions humaines.
Le T.O.P.Y. sera activiste, une profession de foi positive dans les capacités de l’homme. Pour inciter les choses cachées dans le noir à se montrer, afin de les saisir et les jeter au loin.
Il n’est pas dans notre intention de nous substituer aux programmes classiques, mais de jalonner une première étape vers la déprogrammation, sans égard pour les préoccupations des médias commerciaux qui se gargarisent d’hypothèses sur le divertissement et sa valeur. Nous acceptons et exploitons l’idée que la télévision est utilisée par notre génération, comme matériau brut destiné à être employé et manipulé par le spectateur. Assez dense pour continuer à être intéressant, mais sans chute attendue ni clichés condamnés à devenir ennuyeux.
Les transmissions que nous élaborons aujourd’hui sont destinées à être visionnées durant la nuit, entre minuit et six heures du matin ; nous ne donnerons aucune indication préalable sur leur contenu (rares sont les personnes averties à l’avance des moments importants de leur existence), mais elles seront toujours un reflet de la réalité du monde. Si, parfois, notre travail semble insister sur des aspects généralement censurés de l’existence, considérés comme subversifs, sujets à débat, dérangeants ou trop sexuels, c’est parce que la répression est une tentative délibérée pour limiter la connaissance des individus. Notre conviction est que la vérité nue et que des informations sur tout et n’importe quoi doivent être mis à la disposition de toutes les manières possibles, pour autant que l’histoire humaine soit destinée à survivre, à progresser ou recèle un sens quelconque.