L’Empereur Joshua Norton 1er, un saint discordien par Spartakus FreeMann.
« Tout le monde comprend Mickey Mouse. Peu comprennent Herman Hesse. Seule une poignée a compris Albert Einstein. Et personne n’a compris l’Empereur Norton ».
Joshua Abraham Norton, connu également sous le titre de « Sa Majesté Impériale l’Empereur Norton Ier », est né en Angleterre le 17 janvier 1811 de John et Sarah Norton, et baptisé le mois suivant, le 20 février, à Shropshire.
En 1820, les parents de Norton émigrèrent en Afrique du Sud et y firent fortune. En 1849, après avoir reçu un don de 40 000 dollars de son père, Norton émigra aux États-Unis dans la ville de San Francisco. Il y connut un certain succès dans l’immobilier avant de faire faillite en 1858. Il quitta alors la ville pour y revenir en 1859 et s’y proclamer empereur dans une annonce parue dans le journal « Bulletin ».
Un peu plus tard, profondément contrarié par les insuffisances du système politique de l’État de Californie et de l’État fédéral des États-Unis, Norton décida, le 17 septembre 1859, d’envoyer des lettres à de nombreux journaux par lesquelles il s’autoproclama « Empereur de ces États-Unis » (« Emperor of These United States ») – par la suite, il ajoutera à son titre celui de « Protecteur du Mexique » :
« À la demande d’une large majorité des citoyens de ces États-Unis, moi, Joshua Norton, anciennement de la baie d’Algoa, Cap de Bonne Espérance, et maintenant pour les derniers neuf ans et dix mois de San Francisco, Californie, me déclare et me proclame moi-même Empereur de ces États-Unis ; et par la vertu et l’autorité qui me sont ainsi conférés, ordonne par le présent acte et impose aux représentants des différents États de l’Union de se réunir au Music Hall de cette ville, ce en 1er jour de février prochain, et d’y amender les lois actuelles de l’Union afin qu’elles améliorent le mal dans lequel la nation se trouve, et qu’ainsi la confiance soit rétablie, autant dans le pays qu’au-delà, pour notre stabilité et notre intégrité.
Ses interventions sont presque toujours présentées de manière subtile, et ses décrets, élaborés, sont rédigés avec un humour certain afin de prévenir toute menace d’inculpation de la part des autorités. En accord avec son « rôle » d’empereur, Norton 1er publiera de nombreux décrets nationaux, régionaux ou municipaux. Considérant qu’il assumait seul le pouvoir, il n’y avait plus pour lui besoin de législature, et le 12 octobre 1859, il publia un décret qui ordonnait la dissolution du Congrès des États-Unis.
« La fraude et la corruption brident l’expression plénière de l’opinion publique, les violations ouvertes des lois se produisent constamment et sont causées par des partis, des factions et par l’influence anormale des sectes politiques, le citoyen ne jouit pas du droit à la protection de sa personne et de sa propriété. »
En conséquence, l’Empereur ordonne que toutes les parties intéressées se rassemblent au Platt’s Music Hall à San Francisco en février 1860 afin de remédier à ce mal ».
Dans un autre décret impérial de janvier 1860, l’Empereur Norton 1er appelle l’armée à chasser les élus du Congrès :
« Considérant : qu’un groupe d’hommes s’appelant le Congrès National est actuellement réuni à Washington, en violation de notre édit Impérial du 12 octobre dernier proclamant l’abolition du dit-Congrès ;
Considérant : qu’il est nécessaire pour la paix de notre Empire que le dit-décret soit strictement appliqué ;
Nous ordonnons, par le présent décret, que le Major-Général Scott, Commandant-en-Chef de nos Armées, procède avec la force appropriée afin de faire évacuer la salle du Congrès, immédiatement après la réception de notre décret. »
Les ordres de Norton n’eurent bien sûr aucune suite donnée par l’armée, et le Congrès continua normalement ses activités.
Le 12 août 1869, « désireux d’apaiser les dissensions entre les différents partis de notre royaume », Sa Majesté Norton 11er abolit les partis démocrates et républicains.
Pendant la Guerre Civile, dans l’espoir de résoudre les dissensions entre citoyens des États du Nord et du Sud, Norton exigea, en 1862, que l’Église catholique et l’Église protestante l’ordonnent publiquement Empereur.
Parmi ses nombreux édits, on trouve des instructions pour la constitution d’une Société des Nations, près d’un demi-siècle avant sa constitution à la fin de la Première guerre mondiale. Il a clairement proscrit toute forme de conflit entre les religions, groupement, partis et autres sectes. L’Empereur Norton 1er ordonna à plusieurs reprises la construction d’un pont suspendu reliant Oakland et San Francisco, pont qui sera construit finalement quelques années après sa mort.
Les journées de l’Empereur consistaient principalement à inspecter son « domaine » vêtu d’un uniforme bleu à épaulettes plaquées or, portant un chapeau en peau de castor décoré d’une plume de paon et d’une petite rose.
Un scandale survint en 1867 quand un officier de police arrêta Norton, pour le faire soigner de force. Cela outragea énormément les citoyens de San Francisco et amena à la publication de nombreux éditoriaux de protestation. Le commissaire Patrick Crowley ordonna alors la libération de l’« Empereur » et publia des excuses officielles au nom des forces de police de la ville.
Sans le sou, il fréquentait régulièrement les meilleurs restaurants de San Francisco dont les propriétaires affichaient des panneaux à l’entrée de leurs établissements proclamant : « Par Autorisation de sa Majesté Impériale, l’Empereur Norton 1er des États-Unis ».
Le recensement de 1870 consigne un Joshua Norton résidant au 624 Commercial Street, exerçant le métier d’« Empereur ».
Norton créera également sa propre monnaie pour payer ses dettes, qui deviendra quasiment une véritable monnaie locale acceptée par les commerçants de San Francisco.
La ville de San Francisco a également aidé Norton dans ses moments difficiles. Ainsi quand son uniforme commença à être complètement usé et fripé, le conseil municipal de San Francisco lui offrit de l’argent pour le remplacer. En retour, Norton envoya une gentille note de remerciement ainsi qu’un « certificat de noblesse à perpétuité » à chaque conseillé.
Son « règne » sur l’Amérique durera 21 ans jusqu’à la soirée du 8 janvier 1880, pendant laquelle Joshua Norton s’est effondré au croisement de California Street et Dupont Street, tandis qu’il se rendait à une conférence de l’Académie des Sciences. Norton mourut avant d’être emmené à l’hôpital.
Le jour suivant, le San Francisco Chronicle publia en première page sa nécrologie sous le titre « Le Roi est Mort » (en français), rapportant avec un certain respect que « Norton 1er, par la grâce de Dieu, Empereur des États-Unis et Protecteur du Mexique, a perdu la vie ». Le Morning Call, un autre journal de San Francisco, publia un article en première page avec une phrase très proche : « Norton 1er, par la grâce de Dieu Empereur de ces États-Unis et Protecteur du Mexique, a perdu la vie ».
Norton est mort totalement pauvre, sa fortune ne s’élevant qu’à quelques dollars, sa collection de bâtons de marche, son sabre, ses correspondances avec la reine Victoria et 1.098.235 actions d’une mine d’or absolument sans valeur.
Les funérailles furent solennelles et grandioses, près de 30.000 personnes sont sorties dans les rues pour lui rendre un dernier hommage. Il fut enterré au Masonic Cemetery (cimetière des franc-maçons de la ville). Le jour suivant ses funérailles, le ciel de San Francisco fut obscurci par une éclipse solaire totale.
En 1934, les restes de Norton furent transférés au Woodlawn Cemetery, à Colma, et sa tombe porte encore l’inscription « Norton 1er, Empereur des États-Unis et Protecteur du Mexique ».
L’activiste politique et drag queen José Sarria se proclama « Sa Royale Majesté, Impératrice de San Francisco, José 1er, Veuve de Norton 1er » et commémore chaque année son « mari ».
Dans les années 80, Joshua Norton sera élevé au rang de saint officiel de la religion du discordianisme.
« Nous avons demandé à la Déesse si Elle avait, tout comme Dieu, engendré un fils. Elle nous a assuré que c’est ce qu’Elle a fait et qu’Elle lui avait donné comme nom l’Empereur Norton 1er – que nous avons supposé être quelque empereur byzantin de Constantinople », Principia Discordia.
Comme le disent si bien les Principia Discordia, « les discordiens croient que tous nous devrions vivre comme Norton. Écrivez à vos élus afin de leur demander qu’ils votent des lois imposant aux gens de toutes confessions – et particulièrement les chrétien et un dimanche – de vivre comme vécut Joshua A. Norton ».
L’Empereur Joshua Norton 1er, un saint discordien par Spartakus FreeMann.
« Tout le monde comprend Mickey Mouse. Peu comprennent Herman Hesse. Seule une poignée a compris Albert Einstein. Et personne n’a compris l’Empereur Norton ».
Principia Discordia.
Joshua Abraham Norton, connu également sous le titre de « Sa Majesté Impériale l’Empereur Norton Ier », est né en Angleterre le 17 janvier 1811 de John et Sarah Norton, et baptisé le mois suivant, le 20 février, à Shropshire.
En 1820, les parents de Norton émigrèrent en Afrique du Sud et y firent fortune. En 1849, après avoir reçu un don de 40 000 dollars de son père, Norton émigra aux États-Unis dans la ville de San Francisco. Il y connut un certain succès dans l’immobilier avant de faire faillite en 1858. Il quitta alors la ville pour y revenir en 1859 et s’y proclamer empereur dans une annonce parue dans le journal « Bulletin ».
Un peu plus tard, profondément contrarié par les insuffisances du système politique de l’État de Californie et de l’État fédéral des États-Unis, Norton décida, le 17 septembre 1859, d’envoyer des lettres à de nombreux journaux par lesquelles il s’autoproclama « Empereur de ces États-Unis » (« Emperor of These United States ») – par la suite, il ajoutera à son titre celui de « Protecteur du Mexique » :
« À la demande d’une large majorité des citoyens de ces États-Unis, moi, Joshua Norton, anciennement de la baie d’Algoa, Cap de Bonne Espérance, et maintenant pour les derniers neuf ans et dix mois de San Francisco, Californie, me déclare et me proclame moi-même Empereur de ces États-Unis ; et par la vertu et l’autorité qui me sont ainsi conférés, ordonne par le présent acte et impose aux représentants des différents États de l’Union de se réunir au Music Hall de cette ville, ce en 1er jour de février prochain, et d’y amender les lois actuelles de l’Union afin qu’elles améliorent le mal dans lequel la nation se trouve, et qu’ainsi la confiance soit rétablie, autant dans le pays qu’au-delà, pour notre stabilité et notre intégrité.
Norton 1er, Empereur des États Unis. »
Ses interventions sont presque toujours présentées de manière subtile, et ses décrets, élaborés, sont rédigés avec un humour certain afin de prévenir toute menace d’inculpation de la part des autorités. En accord avec son « rôle » d’empereur, Norton 1er publiera de nombreux décrets nationaux, régionaux ou municipaux. Considérant qu’il assumait seul le pouvoir, il n’y avait plus pour lui besoin de législature, et le 12 octobre 1859, il publia un décret qui ordonnait la dissolution du Congrès des États-Unis.
« La fraude et la corruption brident l’expression plénière de l’opinion publique, les violations ouvertes des lois se produisent constamment et sont causées par des partis, des factions et par l’influence anormale des sectes politiques, le citoyen ne jouit pas du droit à la protection de sa personne et de sa propriété. »
En conséquence, l’Empereur ordonne que toutes les parties intéressées se rassemblent au Platt’s Music Hall à San Francisco en février 1860 afin de remédier à ce mal ».
Dans un autre décret impérial de janvier 1860, l’Empereur Norton 1er appelle l’armée à chasser les élus du Congrès :
« Considérant : qu’un groupe d’hommes s’appelant le Congrès National est actuellement réuni à Washington, en violation de notre édit Impérial du 12 octobre dernier proclamant l’abolition du dit-Congrès ;
Considérant : qu’il est nécessaire pour la paix de notre Empire que le dit-décret soit strictement appliqué ;
Nous ordonnons, par le présent décret, que le Major-Général Scott, Commandant-en-Chef de nos Armées, procède avec la force appropriée afin de faire évacuer la salle du Congrès, immédiatement après la réception de notre décret. »
Les ordres de Norton n’eurent bien sûr aucune suite donnée par l’armée, et le Congrès continua normalement ses activités.
Le 12 août 1869, « désireux d’apaiser les dissensions entre les différents partis de notre royaume », Sa Majesté Norton 11er abolit les partis démocrates et républicains.
Pendant la Guerre Civile, dans l’espoir de résoudre les dissensions entre citoyens des États du Nord et du Sud, Norton exigea, en 1862, que l’Église catholique et l’Église protestante l’ordonnent publiquement Empereur.
Parmi ses nombreux édits, on trouve des instructions pour la constitution d’une Société des Nations, près d’un demi-siècle avant sa constitution à la fin de la Première guerre mondiale. Il a clairement proscrit toute forme de conflit entre les religions, groupement, partis et autres sectes. L’Empereur Norton 1er ordonna à plusieurs reprises la construction d’un pont suspendu reliant Oakland et San Francisco, pont qui sera construit finalement quelques années après sa mort.
Les journées de l’Empereur consistaient principalement à inspecter son « domaine » vêtu d’un uniforme bleu à épaulettes plaquées or, portant un chapeau en peau de castor décoré d’une plume de paon et d’une petite rose.
Un scandale survint en 1867 quand un officier de police arrêta Norton, pour le faire soigner de force. Cela outragea énormément les citoyens de San Francisco et amena à la publication de nombreux éditoriaux de protestation. Le commissaire Patrick Crowley ordonna alors la libération de l’« Empereur » et publia des excuses officielles au nom des forces de police de la ville.
Sans le sou, il fréquentait régulièrement les meilleurs restaurants de San Francisco dont les propriétaires affichaient des panneaux à l’entrée de leurs établissements proclamant : « Par Autorisation de sa Majesté Impériale, l’Empereur Norton 1er des États-Unis ».
Le recensement de 1870 consigne un Joshua Norton résidant au 624 Commercial Street, exerçant le métier d’« Empereur ».
Norton créera également sa propre monnaie pour payer ses dettes, qui deviendra quasiment une véritable monnaie locale acceptée par les commerçants de San Francisco.
La ville de San Francisco a également aidé Norton dans ses moments difficiles. Ainsi quand son uniforme commença à être complètement usé et fripé, le conseil municipal de San Francisco lui offrit de l’argent pour le remplacer. En retour, Norton envoya une gentille note de remerciement ainsi qu’un « certificat de noblesse à perpétuité » à chaque conseillé.
Son « règne » sur l’Amérique durera 21 ans jusqu’à la soirée du 8 janvier 1880, pendant laquelle Joshua Norton s’est effondré au croisement de California Street et Dupont Street, tandis qu’il se rendait à une conférence de l’Académie des Sciences. Norton mourut avant d’être emmené à l’hôpital.
Le jour suivant, le San Francisco Chronicle publia en première page sa nécrologie sous le titre « Le Roi est Mort » (en français), rapportant avec un certain respect que « Norton 1er, par la grâce de Dieu, Empereur des États-Unis et Protecteur du Mexique, a perdu la vie ». Le Morning Call, un autre journal de San Francisco, publia un article en première page avec une phrase très proche : « Norton 1er, par la grâce de Dieu Empereur de ces États-Unis et Protecteur du Mexique, a perdu la vie ».
Norton est mort totalement pauvre, sa fortune ne s’élevant qu’à quelques dollars, sa collection de bâtons de marche, son sabre, ses correspondances avec la reine Victoria et 1.098.235 actions d’une mine d’or absolument sans valeur.
Les funérailles furent solennelles et grandioses, près de 30.000 personnes sont sorties dans les rues pour lui rendre un dernier hommage. Il fut enterré au Masonic Cemetery (cimetière des franc-maçons de la ville). Le jour suivant ses funérailles, le ciel de San Francisco fut obscurci par une éclipse solaire totale.
En 1934, les restes de Norton furent transférés au Woodlawn Cemetery, à Colma, et sa tombe porte encore l’inscription « Norton 1er, Empereur des États-Unis et Protecteur du Mexique ».
L’activiste politique et drag queen José Sarria se proclama « Sa Royale Majesté, Impératrice de San Francisco, José 1er, Veuve de Norton 1er » et commémore chaque année son « mari ».
Dans les années 80, Joshua Norton sera élevé au rang de saint officiel de la religion du discordianisme.
« Nous avons demandé à la Déesse si Elle avait, tout comme Dieu, engendré un fils. Elle nous a assuré que c’est ce qu’Elle a fait et qu’Elle lui avait donné comme nom l’Empereur Norton 1er – que nous avons supposé être quelque empereur byzantin de Constantinople », Principia Discordia.
Comme le disent si bien les Principia Discordia, « les discordiens croient que tous nous devrions vivre comme Norton. Écrivez à vos élus afin de leur demander qu’ils votent des lois imposant aux gens de toutes confessions – et particulièrement les chrétien et un dimanche – de vivre comme vécut Joshua A. Norton ».