Nous sommes profondément aveugles. Mais ce n’est pas réellement notre faute, c’est à cause de cette gangue de chair dans laquelle nous vivons maintenant. Un instant, réfléchissez à la somme presque infinie de choses qui se déroulent en ce moment même tout autour de nous. Parlons de certaines d’entres elles. Vous ne pouvez percevoir les spectres infrarouge ou ultraviolet de la lumière. Malheureusement, cette incapacité vous empêche de voir de nombreuses choses que vos yeux furent conçus pour voir. Désolé.
Vous ne pouvez entendre les sons en dessous de 20Hz ou au dessus de 20KHz. Vous pouvez ressentir un son à 12Hz si vous mettez le volume très fort. Essayez ! Avec ces deux exemples vous pouvez maintenant réellement commencer à comprendre tout ce que vous ne pouvez percevoir du monde. Je suis persuadé que vous pourriez trouver cinq exemples supplémentaires si vous réfléchissez un peu. Mais il y a pire. Essayez de percevoir simultanément autant de choses qu’il vous est possible de votre environnement. Vous remarquerez qu’alors que vous essayez d’identifier de plus en plus d’objets, de sons, d’odeurs et de sensations tactiles, vous ne pouvez les conserver toutes dans votre cerveau. Par exemple, lorsque vous remarquez la pression de votre chaussure sur votre pied, cet oiseau au loin semble s’évanouir de votre attention.
Et n’oublions pas toutes ces choses auxquelles vous ne prêtez pas attention en lisant ces lignes. Regardons les choses en face : nous vivons tous nos vies avec des œillères. Nous ne prêtons attention qu’à 1% de ce que nous pouvons physiquement percevoir, ce qui est un pourcentage ridiculement faible au regard de l’Univers.
Et cette fraction d’une fraction d’un pourcent est ce que nous appelons la « Réalité ». Nous étiquetons comme « Réel » – comme s’il s’agissait là d’une Vérité inébranlable – tout ce que nous voyons réellement ! Mais nous ne prêtons même pas attention aux 99% des choses que nos sens ne perçoivent pas.
Et cette « Réalité » est ce sur quoi nous basons notre jugement pour déterminer comment l’univers « marche ». Nous basons nos actions et nos réactions sur ce 1% d’information disponible et nous rejetons tout le reste. Ensuite, une autorité quelconque arrive et vous dit qu’elle sait, elle, ce qui est réellement réel et que vous devez donc vous aligner sur elle. On peut parler d’aveugles menés par des aveugles… ou, dans ce cas précis, d’aveugles menés par d’incroyables idiots.
Et donc, quelle est la réponse ?
Devrions-nous essayer de tout percevoir, simultanément ? La solution est-elle d’ôter tous les filtres afin que notre cerveau accepte, reconnaisse et perçoive chaque parcelle d’information qui nous parvient ?
Vous rigolez ? Cela reviendrait à faire exploser votre tête. S’appliquer à identifier, reconnaître et faire attention à chaque petit événement, en même temps, tout le temps, vous rendrait complètement fou. Sans oublier que pour des raisons physiologiques, il est toujours impossible de percevoir la plus grande partie l’Univers. Du fait qu’il est particulièrement inconfortable d’embrasser tous les signaux offerts par l’univers, et afin de continuer à vivre normalement, nous fermons notre cerveau à la majorité de ceux-ci. Mais qui, ou quoi, choisit les choses que nous devons percevoir à un moment donné ? Mes amis, c’est là la question à 10 000 euros.
Était-ce nos parents ? Les années passées sur les bancs de l’école ? La TV ? Un groupe musical ? Un livre ? Le curé ? Le gosse qui vous a poussé quand vous aviez cinq ans ? C’est tout cela ensemble. La manière dont vous voyez le monde est un patchwork constitué des expériences individuelles, formatant la manière dont votre esprit fonctionne.
Tout ce qui est autour est appelé « les barreaux et les murs de votre Prison de Fer Noir ».
À présent, avant que vous n’envisagiez cette idée comme trop négative ou déprimante, analysons la phrase. Nous ne disons nullement que cette Prison de Fer est Noire (Morne) et que vous êtes dedans parce que vous êtes punis pour un mauvais acte karmique quelconque.
Non, ce que nous disons c’est qu’afin de pouvoir fonctionner dans notre vie de tous les jours, des limitations de notre corps et de notre esprit s’imposent à vos perceptions.
Voilà la Prison. L’expression « de Fer Noir » se réfère au fer froid et dur, résistant, habituellement forgé à la main – et souvent beau.
Mais revenons-en à la question principale : qui choisit nos perceptions. Bien sûr, la réponse vague est : « votre vie elle-même », « le patchwork dont nous avons parlé, constitué de toutes les choses apprises, quelles soient imprimées, conditionnées ou acquises, consciemment ou inconsciemment ». Mais cela reste trop vague. Il s’avère que vous êtes la personne en charge de votre propre prison. C’est vous qui avez imaginé ces barreaux qui ne permettent qu’une perception limitée de l’univers. Vous pourriez, sans doute, dire que c’est de la faute à vos parents qui vous vous ont élevé comme un connard de raciste (par exemple). Mais c’est de votre faute si vous considérez cela comme allant de soi, comme si ce barreau de votre cellule était permanent, quelque chose de présent depuis toujours, bien avant votre naissance.
Mais attendez une minute. Il y a plus. Le mec qui est assis à côté de vous, qui se concentre sur quelque chose de totalement différent. Toute son éducation a déterminé ce qu’il fait et ce à quoi il doit accorder son attention, tout comme vous dont la vie a formaté ce que vous lisez en ce moment. Vous savez ce que cela signifie, n’est-ce pas ? Cela veut dire que tout le monde vit dans une Idée différente de l’Univers. C’est un miracle que nous arrivions à nous mettre d’accord sur quelque chose. Imaginez des milliards de personnes, inspectant toutes un Univers totalement différent au travers des barreaux de leur propre prison personnelle. « Okay », direz-vous, « et alors, dis-moi ce qu’il y a réellement là dehors, si tu es si intelligent ? » Et bien, je dois vous dire…
J’en sais fichtre rien. J’ai les mêmes œillères que vous. Je suis dans la même boîte. Mais j’ajouterai une chose. Quand je dis « je ne sais pas », cela ne signifie pas « je ne sais pas et je m’en tape parce qu’il n’y a pas d’échappatoire à la biologie de mes sens ». Je dis, « je ne sais pas, mais je veux découvrir. Je veux essayer et voir autant de choses que je le peux, je ne veux pas accepter la parole des autres, je veux continuer à explorer et à voir.
Je veux sortir de la cellule de ma prison, même si cela me conduit dans une autre. Je ne suis pas satisfait de ne voir qu’une fraction de ce qui est « au dehors ».
Parce qu’en fait, qui sait tous les trucs marrant que je suis en train de rater ?
Nature de la réalité. Titre original : « Further Explorations », Black Iron Prison, traduction française Spartakus FreeMann, mars 2010 ev.
Nous sommes profondément aveugles. Mais ce n’est pas réellement notre faute, c’est à cause de cette gangue de chair dans laquelle nous vivons maintenant. Un instant, réfléchissez à la somme presque infinie de choses qui se déroulent en ce moment même tout autour de nous. Parlons de certaines d’entres elles. Vous ne pouvez percevoir les spectres infrarouge ou ultraviolet de la lumière. Malheureusement, cette incapacité vous empêche de voir de nombreuses choses que vos yeux furent conçus pour voir. Désolé.
Vous ne pouvez entendre les sons en dessous de 20Hz ou au dessus de 20KHz. Vous pouvez ressentir un son à 12Hz si vous mettez le volume très fort. Essayez ! Avec ces deux exemples vous pouvez maintenant réellement commencer à comprendre tout ce que vous ne pouvez percevoir du monde. Je suis persuadé que vous pourriez trouver cinq exemples supplémentaires si vous réfléchissez un peu. Mais il y a pire. Essayez de percevoir simultanément autant de choses qu’il vous est possible de votre environnement. Vous remarquerez qu’alors que vous essayez d’identifier de plus en plus d’objets, de sons, d’odeurs et de sensations tactiles, vous ne pouvez les conserver toutes dans votre cerveau. Par exemple, lorsque vous remarquez la pression de votre chaussure sur votre pied, cet oiseau au loin semble s’évanouir de votre attention.
Et n’oublions pas toutes ces choses auxquelles vous ne prêtez pas attention en lisant ces lignes. Regardons les choses en face : nous vivons tous nos vies avec des œillères. Nous ne prêtons attention qu’à 1% de ce que nous pouvons physiquement percevoir, ce qui est un pourcentage ridiculement faible au regard de l’Univers.
Et cette fraction d’une fraction d’un pourcent est ce que nous appelons la « Réalité ». Nous étiquetons comme « Réel » – comme s’il s’agissait là d’une Vérité inébranlable – tout ce que nous voyons réellement ! Mais nous ne prêtons même pas attention aux 99% des choses que nos sens ne perçoivent pas.
Et cette « Réalité » est ce sur quoi nous basons notre jugement pour déterminer comment l’univers « marche ». Nous basons nos actions et nos réactions sur ce 1% d’information disponible et nous rejetons tout le reste. Ensuite, une autorité quelconque arrive et vous dit qu’elle sait, elle, ce qui est réellement réel et que vous devez donc vous aligner sur elle. On peut parler d’aveugles menés par des aveugles… ou, dans ce cas précis, d’aveugles menés par d’incroyables idiots.
Et donc, quelle est la réponse ?
Devrions-nous essayer de tout percevoir, simultanément ? La solution est-elle d’ôter tous les filtres afin que notre cerveau accepte, reconnaisse et perçoive chaque parcelle d’information qui nous parvient ?
Vous rigolez ? Cela reviendrait à faire exploser votre tête. S’appliquer à identifier, reconnaître et faire attention à chaque petit événement, en même temps, tout le temps, vous rendrait complètement fou. Sans oublier que pour des raisons physiologiques, il est toujours impossible de percevoir la plus grande partie l’Univers. Du fait qu’il est particulièrement inconfortable d’embrasser tous les signaux offerts par l’univers, et afin de continuer à vivre normalement, nous fermons notre cerveau à la majorité de ceux-ci. Mais qui, ou quoi, choisit les choses que nous devons percevoir à un moment donné ? Mes amis, c’est là la question à 10 000 euros.
Était-ce nos parents ? Les années passées sur les bancs de l’école ? La TV ? Un groupe musical ? Un livre ? Le curé ? Le gosse qui vous a poussé quand vous aviez cinq ans ? C’est tout cela ensemble. La manière dont vous voyez le monde est un patchwork constitué des expériences individuelles, formatant la manière dont votre esprit fonctionne.
Tout ce qui est autour est appelé « les barreaux et les murs de votre Prison de Fer Noir ».
À présent, avant que vous n’envisagiez cette idée comme trop négative ou déprimante, analysons la phrase. Nous ne disons nullement que cette Prison de Fer est Noire (Morne) et que vous êtes dedans parce que vous êtes punis pour un mauvais acte karmique quelconque.
Non, ce que nous disons c’est qu’afin de pouvoir fonctionner dans notre vie de tous les jours, des limitations de notre corps et de notre esprit s’imposent à vos perceptions.
Voilà la Prison. L’expression « de Fer Noir » se réfère au fer froid et dur, résistant, habituellement forgé à la main – et souvent beau.
Mais revenons-en à la question principale : qui choisit nos perceptions. Bien sûr, la réponse vague est : « votre vie elle-même », « le patchwork dont nous avons parlé, constitué de toutes les choses apprises, quelles soient imprimées, conditionnées ou acquises, consciemment ou inconsciemment ». Mais cela reste trop vague. Il s’avère que vous êtes la personne en charge de votre propre prison. C’est vous qui avez imaginé ces barreaux qui ne permettent qu’une perception limitée de l’univers. Vous pourriez, sans doute, dire que c’est de la faute à vos parents qui vous vous ont élevé comme un connard de raciste (par exemple). Mais c’est de votre faute si vous considérez cela comme allant de soi, comme si ce barreau de votre cellule était permanent, quelque chose de présent depuis toujours, bien avant votre naissance.
Mais attendez une minute. Il y a plus. Le mec qui est assis à côté de vous, qui se concentre sur quelque chose de totalement différent. Toute son éducation a déterminé ce qu’il fait et ce à quoi il doit accorder son attention, tout comme vous dont la vie a formaté ce que vous lisez en ce moment. Vous savez ce que cela signifie, n’est-ce pas ? Cela veut dire que tout le monde vit dans une Idée différente de l’Univers. C’est un miracle que nous arrivions à nous mettre d’accord sur quelque chose. Imaginez des milliards de personnes, inspectant toutes un Univers totalement différent au travers des barreaux de leur propre prison personnelle. « Okay », direz-vous, « et alors, dis-moi ce qu’il y a réellement là dehors, si tu es si intelligent ? » Et bien, je dois vous dire…
J’en sais fichtre rien. J’ai les mêmes œillères que vous. Je suis dans la même boîte. Mais j’ajouterai une chose. Quand je dis « je ne sais pas », cela ne signifie pas « je ne sais pas et je m’en tape parce qu’il n’y a pas d’échappatoire à la biologie de mes sens ». Je dis, « je ne sais pas, mais je veux découvrir. Je veux essayer et voir autant de choses que je le peux, je ne veux pas accepter la parole des autres, je veux continuer à explorer et à voir.
Je veux sortir de la cellule de ma prison, même si cela me conduit dans une autre. Je ne suis pas satisfait de ne voir qu’une fraction de ce qui est « au dehors ».
Parce qu’en fait, qui sait tous les trucs marrant que je suis en train de rater ?