ou De l’autonomie des égrégores Lovecraftiens.
Occuper le temps étant devenu la fin absolue de toute vie dans l’ère numérico-consumériste, le chaote fait pâle figure devant la bienséance lorsqu’il propose au Chaos Rampant par delà les étoiles un dîner aux chandelles à grand renfort de voyage mental et aux trips égrégoriques. À sa décharge, j’invoque sans retenue aucune la vague de bisounourseries néo-païennes qui fleurissent de toutes parts comme de la mauvaise herbe pleine d’espoirs naïfs et de pensées positives à la mords-moi-le noeud que même les prêtres Télétubies trouvent navrants.
Soit, lors d’une joyeuse nuit de je ne sais plus quelle année, j’allais vaillamment proposer un dîner aux chandelles à Nyarlathotep, certaine d’être dans mon bon droit après quelques rencontres à fricoter torridement sur fond d’attentats subversifs à la croyance bienséante. Apprendre la manipulation mentale et énergétique aux côtés de l’égrégore sans forme laisse quelques traces noires dans la case des dégénérescences mentales. Cela dit, je n’ai jamais connu d’autre présence si sombrement agréable. Ironie du sort ? J’ai du mal à en sortir.
Bref, nous entamions donc une longue discussion, échafaudant quelques plans tordus et malsains à souhait pour mettre à mal certains chaotes et autres fervents bisounours; nous occupions donc notre temps de la manière la plus indécente qui soit. À cette époque, je n’avais encore rien lu de Lovecraft pour conserver un peu de mystère et tenter de me prouver que mes voyages mentaux n’étaient pas qu’une pure perte de temps schizoïde.
Alors je tentais d’en apprendre plus sur mon hôte, quoique l’absence de forme aurait dû me convaincre de prime abord. Mais je me bornais à comprendre les tenants et aboutissants des essences égrégoriques en testant leur pouvoir au-delà de l’espace et du temps. Ainsi, j’essayais de récupérer des données sur notre Nyarly international qui puissent correspondre à des faits écrits noirs sur blanc de la main de l’auteur dans notre réalité commune augmentée par les écrits de science-fiction. Alors j’appris des choses intéressantes sur les globes de souvenirs que je pus d’ailleurs expérimenter en récupérant les miens çà et là auprès d’entités à essence non identifiée. Mais la donnée la plus tangible (= même si le concept même de réalité tangible appliquée aux voyages mentaux et communications égrégoriques ne peut, j’en conviens, que parler aux plus dégénérés des chaotes de notre temps) fut sans nul doute celles des serviteurs de Nyarlathotep. De retour de mon voyage aux confins du monde inconnu, je griffonnais fébrilement sur une feuille le mot qui jouait des maracas avec insistance dans ma tête : Shantaks. Pour qui n’est pas familier avec l’univers Lovecraftien, le mot semble sorti d’un imaginaire plus que productif en quête de preuves de l’autonomie et de l’existence des égrégores ailleurs que dans notre tête. Je laissais passer quelque temps avant d’en faire part à un ami, chaote et fervent lecteur de l’auteur susmentionné, qui, je l’imagine, a dû faire un sacré bond à la lecture dudit mot. J’avais demandé à Nyarly de me fournir une preuve de son existence de façon tangible, quelque chose que je puisse vérifier et qui mette à mal les quelques doutes sur ma santé mentale qui subsistaient encore, et il m’avait donné le nom de ses serviteurs. Ce que je pus vérifier à la vitesse de la lumière dans le Nécronomicon, qui confirma le scénario. Ainsi, l’Époque du Grand Doute fut, pour un temps, révolue.
Dîner aux chandelles avec le Chaos, Uriel
Illustration : Nyarlathotep, par Damien M. (Nanya). Visiter la superbe Page de l’artiste & visiter son Blog.
ou De l’autonomie des égrégores Lovecraftiens.
Occuper le temps étant devenu la fin absolue de toute vie dans l’ère numérico-consumériste, le chaote fait pâle figure devant la bienséance lorsqu’il propose au Chaos Rampant par delà les étoiles un dîner aux chandelles à grand renfort de voyage mental et aux trips égrégoriques. À sa décharge, j’invoque sans retenue aucune la vague de bisounourseries néo-païennes qui fleurissent de toutes parts comme de la mauvaise herbe pleine d’espoirs naïfs et de pensées positives à la mords-moi-le noeud que même les prêtres Télétubies trouvent navrants.
Soit, lors d’une joyeuse nuit de je ne sais plus quelle année, j’allais vaillamment proposer un dîner aux chandelles à Nyarlathotep, certaine d’être dans mon bon droit après quelques rencontres à fricoter torridement sur fond d’attentats subversifs à la croyance bienséante. Apprendre la manipulation mentale et énergétique aux côtés de l’égrégore sans forme laisse quelques traces noires dans la case des dégénérescences mentales. Cela dit, je n’ai jamais connu d’autre présence si sombrement agréable. Ironie du sort ? J’ai du mal à en sortir.
Bref, nous entamions donc une longue discussion, échafaudant quelques plans tordus et malsains à souhait pour mettre à mal certains chaotes et autres fervents bisounours; nous occupions donc notre temps de la manière la plus indécente qui soit. À cette époque, je n’avais encore rien lu de Lovecraft pour conserver un peu de mystère et tenter de me prouver que mes voyages mentaux n’étaient pas qu’une pure perte de temps schizoïde.
Alors je tentais d’en apprendre plus sur mon hôte, quoique l’absence de forme aurait dû me convaincre de prime abord. Mais je me bornais à comprendre les tenants et aboutissants des essences égrégoriques en testant leur pouvoir au-delà de l’espace et du temps. Ainsi, j’essayais de récupérer des données sur notre Nyarly international qui puissent correspondre à des faits écrits noirs sur blanc de la main de l’auteur dans notre réalité commune augmentée par les écrits de science-fiction. Alors j’appris des choses intéressantes sur les globes de souvenirs que je pus d’ailleurs expérimenter en récupérant les miens çà et là auprès d’entités à essence non identifiée. Mais la donnée la plus tangible (= même si le concept même de réalité tangible appliquée aux voyages mentaux et communications égrégoriques ne peut, j’en conviens, que parler aux plus dégénérés des chaotes de notre temps) fut sans nul doute celles des serviteurs de Nyarlathotep. De retour de mon voyage aux confins du monde inconnu, je griffonnais fébrilement sur une feuille le mot qui jouait des maracas avec insistance dans ma tête : Shantaks. Pour qui n’est pas familier avec l’univers Lovecraftien, le mot semble sorti d’un imaginaire plus que productif en quête de preuves de l’autonomie et de l’existence des égrégores ailleurs que dans notre tête. Je laissais passer quelque temps avant d’en faire part à un ami, chaote et fervent lecteur de l’auteur susmentionné, qui, je l’imagine, a dû faire un sacré bond à la lecture dudit mot. J’avais demandé à Nyarly de me fournir une preuve de son existence de façon tangible, quelque chose que je puisse vérifier et qui mette à mal les quelques doutes sur ma santé mentale qui subsistaient encore, et il m’avait donné le nom de ses serviteurs. Ce que je pus vérifier à la vitesse de la lumière dans le Nécronomicon, qui confirma le scénario. Ainsi, l’Époque du Grand Doute fut, pour un temps, révolue.