Au palmarès des auteurs chaotes qui s’ignorent, voici notre gagnant du jour : Cornélius Agrippa. L’honneur d’avoir annexé les figures géomantiques à la Magie revient en effet à ce champion toutes catégories du recyclage talismanique. Après avoir épuisé les anges de la Kabbale, les signes du zodiaque et les symboles alchimiques, il lui a bien fallu bien se mettre en quête de symboles neufs pour alimenter ses créations. Dans le deuxième livre de sa Philosophie occulte, il décline donc les correspondances et attributs des 16 figures en prenant toutes les libertés nécessaires pour accommoder ces symboles à vocation originellement divinatoire à la sauce de la magie opérative.
Dans le tableau ci-dessous extrait du De Occulta philosophia, Agrippa livre le nom latin courant de chaque figure (Via, Populus, etc.) ainsi que des dénominations alternatives extraites de deux traités classiques, à savoir l’Ars Geomantiae d’Hugues de Santalla et la Geomancia Nova attribuée à Gérard de Crémone. Pour cette raison, à rebours de certaines traductions – notamment celles qui traînent sur le net, j’ai choisi de conserver les termes latins qui sont bien des noms et non des indications de sens.
Pour Agrippa, la géomancie a l’avantage du raccourci métaphysique. Comme les figures sont réputées modelées à l’image des astres ou des constellations, notre mage en déduit qu’elles doivent permettre de passer au dessus de « l’ange » ou « intelligence » gouvernant chaque chose, pour traiter directement avec le corps céleste lui-même. Point de signature ni de sceau, donc. Les figures nues et rien d’autre.
Deux chapitres plus loin, notre Mc Gyver de la magie pratique va donc dériver différentes variantes depuis chaque figure pour en faire des glyphes talismaniques. Il commence par en réunir les points, puis, comme il ne le trouve sans doute pas assez expressives, d’idéogrammes abstraits, il va les modeler en pictogrammes.
Ainsi, Populus, figure dont il a décidé qu’elle était lunaire, prendra une allure de croissant ; comme il le dit lui-même, ces symboles ne sont pas seulement inspirés de la géomancie, mais ils « tirent aussi leur conformité à leur objet des rayons des corps célestes » :
Pour conclure cette note, signalons qu’un traité sur la géomancie divinatoire, « In geomanticam disciplinam lectura » est attribué à Cornélius Agrippa et souvent édité à la suite des trois volumes du De Occulta Philosophia, il est cependant probable que ce texte soit un apocryphe.
Par Melmothia
Au palmarès des auteurs chaotes qui s’ignorent, voici notre gagnant du jour : Cornélius Agrippa. L’honneur d’avoir annexé les figures géomantiques à la Magie revient en effet à ce champion toutes catégories du recyclage talismanique. Après avoir épuisé les anges de la Kabbale, les signes du zodiaque et les symboles alchimiques, il lui a bien fallu bien se mettre en quête de symboles neufs pour alimenter ses créations. Dans le deuxième livre de sa Philosophie occulte, il décline donc les correspondances et attributs des 16 figures en prenant toutes les libertés nécessaires pour accommoder ces symboles à vocation originellement divinatoire à la sauce de la magie opérative.
Dans le tableau ci-dessous extrait du De Occulta philosophia, Agrippa livre le nom latin courant de chaque figure (Via, Populus, etc.) ainsi que des dénominations alternatives extraites de deux traités classiques, à savoir l’Ars Geomantiae d’Hugues de Santalla et la Geomancia Nova attribuée à Gérard de Crémone. Pour cette raison, à rebours de certaines traductions – notamment celles qui traînent sur le net, j’ai choisi de conserver les termes latins qui sont bien des noms et non des indications de sens.
Pour Agrippa, la géomancie a l’avantage du raccourci métaphysique. Comme les figures sont réputées modelées à l’image des astres ou des constellations, notre mage en déduit qu’elles doivent permettre de passer au dessus de « l’ange » ou « intelligence » gouvernant chaque chose, pour traiter directement avec le corps céleste lui-même. Point de signature ni de sceau, donc. Les figures nues et rien d’autre.
Deux chapitres plus loin, notre Mc Gyver de la magie pratique va donc dériver différentes variantes depuis chaque figure pour en faire des glyphes talismaniques. Il commence par en réunir les points, puis, comme il ne le trouve sans doute pas assez expressives, d’idéogrammes abstraits, il va les modeler en pictogrammes.
Ainsi, Populus, figure dont il a décidé qu’elle était lunaire, prendra une allure de croissant ; comme il le dit lui-même, ces symboles ne sont pas seulement inspirés de la géomancie, mais ils « tirent aussi leur conformité à leur objet des rayons des corps célestes » :
Pour conclure cette note, signalons qu’un traité sur la géomancie divinatoire, « In geomanticam disciplinam lectura » est attribué à Cornélius Agrippa et souvent édité à la suite des trois volumes du De Occulta Philosophia, il est cependant probable que ce texte soit un apocryphe.
Melmothia, 2009.